Ça fait presque un drôle d’effet. Comme un goût amer. Bon, c’était marrant au début. Soundgarden se reformait, sortait un disque inégal mais écoutable (“King Animal” en 2012), Hole (ou ce qu’il en reste, soit une Courtney pas toujours bien lunée), avait également tenté le coup en 2010 avec le sur-produit “Nobody’s Daughter”, un disque malheureusement assez médiocre malgré quelques fulgurances (“Pacific Cost Highway”, “Never Go Hungry”). Bref rien de mémorable qui vaillent vraiment la peine de salir notre souvenir juvénile. Et voilà que c’est repartie.
L7 se reforme, sous la pression des tourneurs, et l’appel du public. Pas d’album, pas de nouveaux morceaux. Rien. Juste l’envie de retrouver un public qui a pris 20 ans (et de renflouer les caisses au passage). Ça sent l’arnaque à plein nez. Allons bon. Je l’avoue. J’ai un problème avec les rockeurs vieillissants. Je le sais. Sérieusement.
C’est que j’ai pas envie de voir ça. Je trouve le spectacle même carrément déprimant. Je sais ce que vous allez me dire: “Mais c’est peut-être l’occasion de les voir une dernière fois !”.
Je sais. Finalement je regrette d’avoir manqué Lou Reed lorsqu’il jouait « Berlin » à Paris. Si j’avais su… Mais enfin. C’est du rock’n’roll les gars ! A plus de 100 euros la place. Faut quand même pas abuser. Le rock’n’roll des années 2000, c’est devenu un hobbie de riche. Sans rire.
Et puis je me souviens de ce concert affligeant des Stooges à la Fête de l’Huma (la fête de la marée humaine oui..), avec un vieux Iggy pathétique qui gesticulait comme un orang outan au milieu de musiciens statiques (feu Ron Asheton, stoïque, empôté, autant de charisme qu’un informaticien de chez IBM). Bouilli sonore et tout le tintoin. Bref, au secours. Je n’avais qu’une envie à ce moment précis : me barrer en courant, devenir sourde et aveugle. Surtout ne pas subir ce spectacle ridicule et vraiment embarrassant.
Je préfère vivre avec mes fantasmes. Eux au moins n’ont pas pris une ride. Ils sont fidèles à la légende, au mythe délirant qui fait la force et la beauté du rock’n’roll. Quoi de plus navrant que de voir les Stones aujourd’hui ? Keith Richards courbé en deux, incapable d’en mettre une dedans, des solos affligeants, la gueule d’un vieux bouledogue anglais ratatiné. Jagger, qui respire certes un peu plus la santé, mais à 70 ans, s’excitant comme au premier soir, tel un puceau en rute. A vrai dire, ça me fait mal au coeur.
Bon allez, je ne vais pas me faire des amis, mais que dire d’AC/DC? Oui, bien sûr, vous venez pour le show. Les lights, la pyrotechnique, la cloche géante de “Hells Bells”… Et c’est bien là tout le problème. Le rock’n’roll est devenu un espèce de cirque ambulant, une foire pleine de vieilles légendes au sex appeal décimé par les années, à l’énergie mollassonne. De vieilles légendes qui, pour la plupart restent bien assises sur leurs acquis, sur leur trône (la scène), qui leur rapporte chaque année le pactole nécessaire à entretenir leur vie de millionnaire. Désolé les gars, mais ça ne me fait pas rêver.
Les reformations me paraissent tellement factices. Faciles. Confortables. On reprend les même et on recommence. On va leur rebalancer la sauce de leur adolescence. Séquence souvenir souvenir. Mais à part ça, quoi de neuf ? Rien vous me direz, et c’est pour cette raison que vous êtes sans doute prêt à débourser les 50, 100 voire 200 exigés pour s’offrir un petit bout de la légende. Qui peut me dire où sont passés la fougue, la folie, l’urgence, la grâce dans tout ça ?
En 2015, L7, Babes In Toyland et même Jack Off Jill reprennent la route pour le plaisir (et pour le reste). Alors bien sûr, ces filles là ne sont pas millionnaires comme les Stones, ce bon vieux Maca ou même AC/DC, et sans doute cherchent-elles à rétablir un peu les choses, profiter de leur reconnaissance post-split (on devient plus facilement culte quand le groupe n’existe plus…), car ces groupes qui ont influencé des tonnes de teenagers à travers le monde n’ont bien évidement pas rencontré le succès qu’ils méritaient. Et c’est sans doute l’une des raisons principales de ces diverses reformations.
On a 15 ans à nouveau donc, les 90’s sont de retour, Soundgarden, Babes In Toyland, L7, Veruca Salt, Jack Off Jill, et plus encore (Pixies, Mudhoney, Meat Puppets, Dinosaur Jr, Faith No More, Kim Gordon avec son bouquin…) Tout le monde revient à la charge. Et finalement pourquoi pas…
Kat Bjelland (version brunette) et ses copines de Babes In Toyland en 2015.
Alicia Bognanno joue à fond la carte du Revival 90’s avec son groupe Bully.
Ce mouvement, Alicia Bognanno l’a bien compris et pas farouche, la jeune fille de Nashville est passée de petit rat de studio à leadeuse d’un groupe de rock alternatif (signé chez Sony tout de même , qui a bien senti le filon revival 90’s). Pour la petite histoire, la miss, étudiante ingénieur du son a fait son stage à l’Electrical Audio de Chicago, soit le studio de M. Steve Albini himself, dans lequel ont été notamment enregistré de si fameux disques de l’époque (dont “In Utero” de Nirvana, “Pod” des Breeders, “Rid of Me” de Pj Harvey” pour les plus connus). On a connu pire comme école. En toute logique, Alicia est donc retournée chez Steve Albini enregistrer “Feels Like” le premier album de son groupe Bully. Et ça sonne. Ça sonne même définitivement 90’s.
Alors bien sûr, vous ne trouverez rien de nouveau sur ce sympathique premier album de teenage grunge rock. Rien que les pop songs d’une petite punkette bien élévée qui rappellent sans rougir les sons coolissimes d’une époque hélas révolue. Car tout au long de “Feels like”, on croise avec plaisir les ombres de Kim Deal, Hole, Veruca Salt, Liz Phair, Dinosaur Jr, Nirvana, Bikini Kill, Sonic Youth…
Petit bon dans le passé plutôt revigorant. Car on est pas ici dans la catharsis auto-destructrice. Alicia est une jeune fille cool, petite blonde gentiment décolorée. Elle chante avec ferveur ses problèmes d’ado mal dans sa peau. Un peu de rage, un peu d’humour. Juste ce qu’il faut de recul, de respect et d’auto dérision. Parfois punk (“I Remember”), des guitares au son vintage d’époque, un chant à la fois pop (“Trying”) et crunchy (“Trash” sous grosse influence Courtney Love). Juste ce qu’il faut de dissonance pour sonner cool (“Six”, “Milkman”). Bref un bon moment de nostalgie pour ceux qui (comme moi) sont plutôt friands de cette époque. Le seul problème c’est qu’on n’en ressort pas vraiment rajeunie (bon sang c’était il y a 20 ans)…
Bully « Feels Like » © Columbia Records/Sony 2015
Tout d’abord rebienvenue et FÉLICITATION!!!
Je suis en grande partie d’accord avec toi. Pour moi, ceux qui n’ont jamais arrêté sont mieux que ceux qui arrêtent et recommence. Malgré quelques grandioses exceptions très rares. Oui ça sonne encore très bien mais la magie n’est plus là. Malgré que je donnerais n’importe quoi pour revoir Suzi, Donita et la gang. Le concert à Montréal pour la tournée de Bricks était fou. Elles ont tout détruit, instruments, amplis à la fin et nous ont laissé avec un concert de feedback qui a duré une bonne demie-heure au moins. LOL
Mais quelque chose manque. Probablement ma furieuse jeunesse. Ah que veux tu, le temps passe…
Mais BULLY EST ABSOLUMENT PHÉNOMÉNAL!!! Merci pour la découverte. :)
J’te souhaite du bon temps et content de te re-lire. :)
\µ/—>X) ☠☠☠
Merci kXnPunk ! Ça fait plaisir :)
Le temps passe et alors ? ;) c’est la vie et certain(e)s assurent toujours autant même à la cinquantaine passé…certains prennent de la bouteille et leurs concerts sont mieux que dans les années 90 aussi ça peut arriver. Je peux être d’accord avec toi sur les Stones à la rigueur ^^
En ce qui concerne les L7, c’est un groupe que j’ai découvert vers 90/91 et j’étais plus qu’heureuse de les voir se reformer car je les avais loupé en 2000/2001 lors de leur passage à la boule noire (je n’ai pas pu les voir avant non plus). Donc lorsque j’ai appris leur réformation via leur page facebook. (réformation faite pour les fans, je précise et pas dû à la pression des tourneurs qui ont certes peut être insisté à un moment mais elles ont tjrs refusé là, les emplois du temps de chacune ont permis cette réunion qui leur a permis de remplir leurs caisses, au passage, vu que leur dernier opus auto-produit et peu vendu les avait laissé sur la paille)
Voyant le nombre de personnes qui les réclamaient sur scène elles se sont dit pourquoi pas ? et le 17 juin 2015 ça la fait ! J’étais moi-même très sceptique quant à une réunion des L7 mais vu que j’attendais ce moment depuis longtemps j’ai acheté mon billet qui n’était pas à 40, 50 ou 100 euros. Mais bon normal, ce n’est pas les Stones ou AC/DC non plus ! lol …
Les reformations, certaines, peuvent me gonfler aussi mais là pour L7 j’ai été grandement surprise (bon je ne dois pas être très objective car j’ai beaucoup d’affection pour ces nanas qui ne sont pas des pétasses qui veulent séduire le public ou des pouf’ à la courtney. Elles sont elles-mêmes, elles envoient le bois et basta! et c’est ce que j’ai tjrs aimé :)
Malgré un set certes court au bataclan à peu près 1h15 tout le monde s’est amusé et a passé une excellente soirée et dans le public il n’y avait pas que des quarantenaires (dont je fais partie) et des cinquantenaires, non non! J’dirais que ça allait de 15 à 60 balais sérieusement ! et ça, pour un groupe avoir un public ‘nouveau’ ça fait du bien ! (L7 s’attendait à voir que des gens de leurs âges en fait et elles ont été bien surprises)
Et au Hellfest, comparé au concert de Soundgarden l’an passé qui était plutôt pitoyable, j’dirais que celui des L7 cette année valait le déplacement (malgré des problèmes de sons, mais ça elles ont l’habitude).
Les reformations comme tu dis n’apportent rien de nouveau mais la nana dont tu as mis du son et une vidéo n’apporte rien non plus. Pourquoi aimer et s’intéresser à une artiste qui reprend les mêmes recettes du grunge? parce qu’elle est jeune? ^^ ;)…au temps rester à écouter les vieux Soundgarden, Nirvana,L7 etc ah ah ;)
Les reformations ne sont pas toutes à mettre dans le même panier. Bien sûr parfois les prix sont exorbitants, mais comparés à d’autres choses pas tant que çà, puisque un tel moment de vie, pour certaines, n’a pas de prix.
D’accord avec la personne précédente, toujours préférer l’originale à la copie.
Ceux qui créent quelques choses imprégné de leur influences et vécu.
Au lieu des autres qui ne font que utiliser et emprunter / plagier, ce qui a été fait.
Là où tu as bien raison c’est que le r’n’r c’est du fantasme *
( venu par ici depuis ton poste sur xsilence, je repasserai ! )