Quatre ans ont passé depuis ma première entrevue avec la belle Eugénie, front-woman de velours du groupe de rock parisien Parlor Snakes. Quatre ans après un premier album charnel et inspiré (« Let’s Get Gone ») sorte de road trip lanscinant au pays du Gun Club, Roy Orbison et Blondie. Parlor Snakes a tourné sans relâche, mûrit son approche, travaillé son image sans jamais perdre l’essence de son rock’n’roll élégant, sensuel et envoûtant.
Quatre ans plus tard, je retrouve donc avec plaisir, Eugénie toujours aussi généreuse et sincère, qui nous dévoile les coulisses de l’enregistrement du disque à New York, une histoire de belles rencontres…
Bonjour Eugénie, tout d’abord bravo pour cet album !
Eugénie : Merci ! C’est vrai il t’a plu ?
Oui, j’ai vraiment apprécié votre évolution, le chemin que vous avez parcouru depuis le premier album. Il y a des titres plus rock, plus énergiques. Vous avez vraiment mis en avant certaines influences qu’on entendait pas forcément sur votre précédant album.
Oui c’est vrai. On était à New York pour cet album, du coup le Velvet Underground, les Ramones… Ça nous a énormément influencé.
C’est marrant, c’est vraiment la première impression que j’ai eu en écoutant l’album: New York, le Velvet…
C’est vrai que le fait qu’on était là bas, loin de notre quotidien, dans ce studio là, sur bande, avec Matt Verta Ray. C’est un lieu emprunt de toutes ces figures rock qui sont passées là avant nous, et c’est très inspirant. Bon ça reste des influences, de l’inspiration, mais pour créer c’est chouette, et c’était effectivement encore plus fort d’être là bas pour ça.
Vous avez composé là bas ou vous aviez déjà des titres prêts en amont?
Non, en fait on avait déjà tout composé en amont, il y a des morceaux qui ont été composés pour cet album quelques semaines avant le départ en résidence. Et il y a des morceaux qu’on a écrit quand on était en tournée avec les Jim Jones Revue. C’est un peu des deux. Mais la plupart des morceaux sont arrivés quelques semaines avant le départ. On avait fait une belle semaine de résidence à Mains d’oeuvres. Ça nous avait permis d’être bien concentrés, d’être prêts pour le studio là bas. On avait 13 jours pour faire le recording et le mix de 12 morceaux. Donc le timing était très serré. Il fallait être prêt et en même temps pouvoir laisser un peu le champ libre et se laisser assez de liberté pour pouvoir faire des modifications sur place avec Matt Verta Ray. On avait envie de l’écouter parce qu’on a confiance en lui et on l’adore. Ses propositions étaient vraiment très cohérentes.
Justement la rencontre avec Matt Verta Ray s’est passé comment ? Vous vouliez travailler avec lui depuis longtemps?
Peter et moi l’avons rencontré, il y a quatre ans à la Maroquinerie après un concert de Heavy Trash. J’adore Heavy Trash… J’adorais déjà Jon Spencer, mais dans cette formation là… (soupirs) Je suis fan ! Et puis je savais que Matt Verta Ray enregistrait beaucoup de groupes, notamment pas mal de groupes français. J’adorais son parcours musical, son parcours personnel à lui qui est assez atypique. Il est né en Egypte, il a vécu dans pas mal de pays, le Canada, l’Egypte… Il a vraiment des anecdotes incroyables à raconter en permanence. En même temps il a beaucoup d’humilité. C’est un parfait gentleman…
Il y a quatre ans on avait déjà cette envie de travailler avec lui. On l’a donc rencontré après ce concert. Je me souviens qu’à l’époque je lui avais donné, les mains tremblotantes, le premier single de Parlor Snakes. J’en avais donné un autre à Jon Spencer. Je ne me souviens même plus à quel point j’étais flippée ! Alors qu’en fait il avait été adorable ! On s’est ensuite suivi de loin. Et pour ce deuxième album on s’est dit qu’il fallait se donner les moyens de faire les choses. On lui a donc écrit. Et il se souvenait de nous ! Tout est parti comme ça…
Ce qui est assez chouette c’est que Heavy Trash sont passés il y a quelques semaines à Paris. Du coup on s’est revu quatre ans après avec Matt et Jon Spencer, au même endroit. Je lui ai donné un disque mais cette fois-ci c’était le disque sur lequel il avait travaillé. Symboliquement c’était très fort pour nous. Je me suis dit: “Voilà, les rêves peuvent se réaliser. Quand on se donne les moyens c’est possible.” Et puis Matt était content d’avoir le disque en mains. C’était une très belle soirée.
C’est une belle histoire.
Oui. J’avais une espèce d’intuition, il y a quatre ans. Je me suis dit: “Je pense que c’est possible”. Il faut juste être patient. En fait je suis contente qu’on ne soit pas allé là bas pour enregistrer le premier album ou même pour autre chose. Je pense qu’on aurait pas été suffisamment prêts pour ça. Douze jours, treize titres, c’est ric rac. Sur bandes, ça veut dire pas trop le droit à l’erreur.
Vous avez enregistré en live?
On a enregistré une grosse partie en live. En tout cas les parties basse, batterie et guitares, pour la plupart c’était en live. Il y a une deuxième guitare qui a été ajoutée. Mais en fait pas beaucoup plus. Les claviers ont été faits à part, le chant également. Au niveau des instruments sur l’album on est restés très proches du live. On a simplement rajouté une guitare, des claviers. J’ai pu jouer là bas sur de super claviers vintage. Y a des sons vraiment bien mais qui savent rester assez discrets… C’était vraiment une aventure humaine d’être là bas. C’était fédérateur. Ça nous a énormément liés.
Le groupe a dû en ressortir encore plus soudé, encore plus fort ?
Oui soudé grâce à cette expérience en commun et puis tous ces souvenirs. Bon après, avoir un groupe, c’est quatre entités différentes qui essayent de faire quelque chose ensemble chacun avec sa personnalité. C’est toujours quelque chose d’inflammable un groupe…
C’est comme dans un couple en fait.
Exactement ! C’est comme un couple sauf que là on est quatre. Déjà dans un couple à deux c’est compliqué alors à quatre !(rires)
Oui je sais, ça peut être électrique parfois.
Oui ! Bon je dois dire qu’on s’entend tous plutôt bien. On se marre bien ensemble. Mais c’est pas le tout de se marrer. Avoir des bons potes c’est cool mais là il faut bosser ensemble, partir sur la route ensemble… Mais ça va. A ce niveau là, tout se passe bien.
Du coup vous aviez changé un peu de line up depuis l’album précedent?
Sur le premier album, Jim (le batteur) était déjà présent. Par contre c’était une bassiste, Sushi qui jouait. Elle ne fait plus partie de Parlor Snakes depuis trois ans. Séverin, le bassiste a intégré la formation pour le deuxième single de Parlor Snakes “Tomorrow Never Comes”. C’est le premier disque sur lequel on est tous ensemble dans la version du line up telle qu’elle est aujourd’hui et qui j’espère ne changera plus du tout. (rires) Parce que franchement, je crois qu’on est passé par toutes les phases chez Parlor Snakes à ce niveau là.
En effet ça fait presque dix ans que vous tournez…
C’est vrai qu’avec Peter ça fait dix ans qu’on se connait. Disons que les choses sérieuses ont commencé il y a huit ans environ. Ça passe vite et en même temps, c’est long parce qu’il y a les aléas de la vie avec des départs, des arrivés, des erreurs de castings, des temps morts… Et puis ça prend du temps de maturer les choses, d’être à l’aise sur scène, de trouver son identité, son son. Je préfère faire les choses dans un chemin assez classique en fait: un album, un deuxième, la scène. C’est plus long mais plus authentique.
Oui c’est sûr, vous avez construit votre chemin, vous avez gardé le cap.
De toute façon, ce qu’on aime tous dans ce groupe c’est le rock’n’roll donc après il y a différentes manières de le faire… On a cent ans de rock derrière nous, donc forcément les influences sont là…
En même temps, chez vous les influences ne sont jamais encombrantes.
C’est ce que j’ai aimé dans ta chronique. Pour l’instant tu es la seule à chaque fois à parler d’élégance et de distance par rapport à ces influences là. Et je trouve que tu as bien pigé ça parce que c’est en effet quelque chose auquel on fait très attention. Créer et être dans une forme de distance par rapport aux influences. Par exemple quand il arrive un riff très évident en répétition, on va toujours essayer de se mettre dans la distance par rapport à ça, pour tenter de trouver autre chose de plus personnel.
On le ressent effectivement dans ton chant et dans façon de te placer face à la musique, aux influences. Il y a quelque chose de très élégant. Tu es un peu comme en retrait bien que tu sois très présente, comme si tu observais tout ça de haut, avec beaucoup de classe. C’est ce qui est finalement un peu unique chez vous. Vous ne mettez pas les pieds dans le plat. Vous n’arrivez pas avec vos gros sabots en prétendant que vous allez refaire le monde. Non, vous arrivez avec vos références, en ayant en tête tout ce passé, toute cette histoire…
Je suis assez d’accord. C’est quelque chose que je ressens au sein du groupe. Je pense qu’on est un peu cultivé quand même et puis on a pas vingt ans…. Du coup ça participe d’une autre manière à notre façon d’appréhender l’écriture des morceaux.
Il y a de la distance et de l’intelligence. Et puis surtout beaucoup de respect par rapport à tout ça.
Quand on écrit les chansons, au départ c’est du feeling, on ne se pose pas tant que questions que ça. Puis quand ça commence à être bien structuré, là on va essayer de travailler un peu plus profondément les choses. D’amener une sorte d’évidence pas évidente.
Alors justement, au début votre album m’a un peu surpris car j’avais gardé à l’esprit votre côté lanscinant et volupteux, avec toute cette distance dont on parlait tout à l’heure. Et dans cet album vous avez une attitude plus agressive. Les guitares sont beaucoup plus rageuses, un peu à la Stooges. On voit que la production penche de ce côté là, il y a de la disto sur la voix, des choses un peu crades. On sent que vocalement tu prends ton pied dans un jeu de rôle très rock’n’roll tout en gardant cette distance très élégante.
Bon, déjà je pense avoir fait des progrès depuis 2012. On a fait beaucoup plus de scènes. On est tous un peu sortis de notre zone de confort naturelle en partant en tournée notamment avec les Jim Jones Revue. C’était une expérience très forte pour le groupe de les voir jouer, d’être confronté à leur public. C’était très inspirant. Je me suis dit “Mais en fait, il y a plein de possibilités, des tas de choses qui s’offrent à moi et que je peux faire, même en étant une fille”.
Oui. On voit que tu t’es fait violence mais dans le bon sens du terme.
En fait c’est venu assez naturellement. C’est en les voyant, en écoutant d’autres personnes et puis en sortant moi-même de ma zone de confort vocale. Je me suis dit que j’avais plein de possibilités. Et puis on a attaché beaucoup d’importance au texte sur cet album. J’ai eu à coeur de rentrer dans le texte et de raconter à chaque fois l’histoire ou l’émotion que je souhaitais véhiculer que ce soit en chantant effectivement comme tu le dis d’une manière un peu plus agressive à la Iggy ou en étant dans quelque chose de plus retenu, presque susurré. Je pense que ce sont les chansons et le texte qui amènent cette manière plus aboutie de chanter.
Peut-être plus assumée aussi ? On sent que tu t’amuses énormément à jouer avec les différents personnages des histoires que tu racontes.
Oui. Et puis c’est vrai que j’étais au studio à New York. On a enregistré sur bande donc tu ne peux pas faire beaucoup d’édit. Il faut tout de suite être dedans. Et j’ai vraiment privilégié l’énergie, l’interprétation à des performances vocales de dingue. Matt Verta Ray m’a fait chanté sur des micros spécifiques aux prises pour les harmonicas sur deux morceaux. Des genres de micro boule qui ont une saturation naturelle. Tu ne rajoutes rien du tout. Tu chantes en cabine et tu as le micro dans ta main. Tu peux ainsi te projeter comme si tu étais déjà sur scène. Tu peux bouger, ne pas être avec ton casque, figée, derrière le micro. Du coup j’ai vraiment essayé d’attaquer le morceau. Et en même temps Matt me disait “It’s great, it’s great ! You can do better !” à l’américaine quoi ! (rires) Je suis très sensible à ça. J’aime travailler de cette façon là. De manière très enthousiaste, très positive. Jamais dans quelque chose qui pourrait te bloquer. C’est pourtant très facile de bloquer un chanteur… Matt a cette douceur là et il a fait sortir des choses de ma voix qui étaient intéressantes.
On le voit, il y a une réelle évolution dans ta façon d’approcher le chant.
Là pour le coup je ne suis pas trop dans la distance.
C’est plus brut.
Oui et puis j’ai découvert que je pouvais aussi chanter dans les aigus, chose que je faisais moins avant…
En effet il y a un titre un peu à la Kate Bush.
Écoute j’aime beaucoup Kate Bush. Elle a bercé mon adolescence…. C’est venu comme ça un jour en répétition. On commençait à travailler ce morceau là et puis je me suis dit “Tiens et si je chantais super aigu ?”. Et ça donnait bien. C’était intéressant qu’il y ait un morceau comme ça un peu bizarre, un peu ovni dans cet album…
Ce qui m’a frappé également c’est que l’album est très varié. On sent que vous balayez plein d’univers même si New York reste l’élément central de votre histoire… C’est comme un voyage…
Je pense qu’il y a une homogénéité parce que ça a été enregistré au même endroit, sur bande, dans ce studio là… Et en même temps on retrouve des balades complètement assumées, des morceaux beaucoup plus rock’n’roll, voire parfois même un peu punk, psyché… C’est comme un petit voyage en effet. Le track listing a été très important et super compliqué à faire sur cet album parce que justement on avait plein de chansons avec des moods très différents. Ça a pris presque un mois pour qu’on soit tous d’accord sur l’enchaînement des morceaux….
En effet il y a plein d’univers différents sur cet album…
Et c’est un album qui s’écoute du début jusqu’à la fin, chose que les gens font de moins en moins. L’album fait 45 minutes ce qui est relativement long par rapport aux albums d’aujourd’hui qui font plutôt 30 minutes… Donc il y a toujours cette peur de lasser un peu l’auditeur. En même temps je voulais vraiment qu’on ait les 11 morceaux sur cet album là. Les morceaux plus lents, on les assume, on les aime. C’est une part de Parlor Snakes qui est importante.
Je suis totalement d’accord. C’est une grande force. Il ne faut pas lâcher ça.
Oui je trouve aussi. Dans ta chronique tu parlais justement de “Just Drive”. C’était très juste car c’est un morceau qui a une ambiance assez étrange. Matt Verta Ray a fait un boulot fantastique sur ce morceau, dans les silences… Chaque note résonne parfaitement, dans une ambiance feutré.
C’est très cinématographique en fait.
Effectivement. Le morceau s’appelle “Just Drive” et il est difficile d’imaginer autre chose qu’un couple sur la route, perdu… D’ailleurs je me demande si ce titre ne va pas être le deuxième single de l’album… Le premier c’était “Watch Me Live”, qui était très rock, assez catchy. Du coup j’avais envie de basculer sur un titre plus mid tempo, plus feutré pour le deuxième single. A voir donc…
C’est pas facile…
C’est un choix artistique mais tu dois également réfléchir à des histoires de diffusion, de com’ et de marketing…
Il y a forcément un décallage, un arbitrage à faire entre ce que tu es, ce que tu voudrais montrer, et ce qu’il faut réellement montrer par rapport à l’image que cela renvoie du groupe. Dans les clips également…
Je suis très contente du travail réalisé par Jonathan Kruger sur notre dernier clip. Il a tout de suite compris ce que je voulais faire. On a eu les même références visuelles. Il a su montrer que Parlor Snakes, c’est également un groupe qui prend des risques, qui ne se prend pas au sérieux. J’aimais l’idée de changer les codes du rock, du masculin, du féminin…
Vous entamez une tournée en France ?
On a commencé hier à Compiègne. On a une bonne équipe derrière tout ça : TCC Booking, Colin dans l’est qui nous trouve des dates, le label et moi ! C’est une vrai bataille à mener le booking ! On a des dates mais on cherche toujours. Il faut pas lâcher. Parlor Snakes c’est un groupe qui se voit sur scène. J’ai envie qu’on fasse beaucoup de petits clubs, bien remplis, pour cette tournée. Etre patient. Ne pas viser les grosses salles tout de suite mais des petits clubs bien serrés et envisager des salles plus grandes l’année prochaine si l’album vit bien sa vie. On a une résidence au Canal 93 début avril et le 29 avril c’est la soirée du lancement de l’album au Divan du Monde à Paris.
Vous tournez depuis bientôt 10 ans, est-ce que tu trouves qu’il y a une évolution au niveau de la scène indé française ? Au niveau du booking, des lieux, du public ?
Je pense que ça évolue dans le bon sens. C’est peut être aussi nous et notre perception des gens, notre expérience de la scène. Après, le public parisien est évidemment très différent du public de province et de l’étranger surtout. C’est pour ça que je veux faire le moins de dates possible à Paris, sauf les dates importantes bien évidemment. Pourtant je suis parisienne, je suis née à Paris. J’aime beaucoup cette ville. Mais il y a un phénomène de lassitude par rapport à la découverte, à la curiosité que peuvent avoir les belges par exemple. Hier je discutais avec un journaliste belge qui avait chroniqué l’album. On parlait de la curiosité que peuvent avoir les belges par rapport aux groupes. Ils sortent d’avantage toute la semaine, pas uniquement le week-end. Ils ne vont pas forcément privilégier tel ou tel lieux comme c’est le cas à Paris. Après je pense qu’il y a quand même de plus en plus de bons groupes. Pas assez mis en avant malheureusement. En ce moment je regarde les programmations des festivals. C’est fou de voir que c’est toujours les même groupes qui font tous les festivals de l’été. Certains festivals prennent des risques comme le This Is Not A Love Song Festival qui programme plein de gens différents. Mais sinon c’est comme si c’était perdu d’avance pour toi. Mais il faut être patient, rencontrer les bonnes personnes sans pour autant faire du “réseautage”. Car c’est un peu ingrat de faire ça…. Mais bon ça évolue quand même. Tu vois hier on a joué à Compiègne, à 45 minutes de Paris, et le public, c’était vraiment pas la même chose. On avait des étudiants qui dansaient, ils étaient complètement désinhibés. Ça m’a fait un bien fou. Ils étaient tout de suite à fond. Mais y a quand même des lieux qui tiennent la route à Paris, qui continuent à programmer des groupes intéressants. Il ne faut pas être trop négatifs non plus. Tu en penses quoi toi?
Avec mon groupe on a beaucoup tourné aussi, et on a toujours rencontré les mêmes problèmes. J’ai pas l’impression que ça bouge beaucoup malheureusement. C’est toujours les mêmes trucs qui tournent, dans le même réseau, avec les mêmes gens… Tu reviens deux ans plus tard, c’est toujours les mêmes. C’est un peu frustrant quelque part. Parce que de bons groupes il y en a. J’en ai rencontré des tonnes. Et c’est dommage qu’on ne leur donne pas la possibilité d’être plus exposé, de pouvoir mieux s’exprimer, d’avoir les moyens de faire des choses. Parce qu’il se passe des choses en France. C’est juste qu’on veut pas aller voir un peu plus loin. Y a une espèce d’intelligentsia qui décident et empêche finalement les groupes de passer à la vitesse supérieure…
Ecoute je sais pas si tu as regardé les Victoires de La Musique cette année. Moi j’avais la grippe ce jour là. J’étais donc dans mon canapé, je me suis dit, je vais regarder les Victoires de la Musique.. (rires) Et j’étais scandalisée ! Je tremblais devant ma télé ! En ouverture, encore une fois Alain Souchon et Laurent Voulzy…. Et Christine & The Queens, j’aimais bien son album mais là j’en peux plus parce que y a QUE Christine & The Queens en France ! C’est trop. Quand j’entends sa chanson à la radio je zappe parce que j’en peux plus alors que je l’aimais bien au début ! Cette soirée c’était vraiment catastrophique. En rock, y avait rien. Juste The Do que j’aime bien. Et puis Shaka Ponk, au secours ! (soupirs) L’autre groupe…
Skip The Use ?
Oui ! Et Jean Louis Aubert… (soupirs)
Toujours fidèle au poste ! Quel dommage. Ce n’est pas du tout représentatif de ce qui se passe en France.
Oui c’est représentatif c’est des grands médias. Les gens qui achètent des disques chez Carrefour.
Et même dans la presse rock. Les journalistes ne se déplacent pas forcément dans les petits clubs. Ça reste très superficiel… Vous aviez eu un petit mot d’Isabelle Chelley dans Rock’n’Folk….
On a rencontré Isabelle Chelley sur la tournée de Jim Jones Revue. Je ne savais pas du tout qui c’était. J’avais entendu parler d’elle bien évidemment mais je ne savais pas qu’elle serait là pendant deux jours sur la tournée. En fait on a commencé à discuter sans que je sache que c’était Isabelle Chelley, c’était donc très cool en fait ! (rires) On a parlé de tatouage, de choses et d’autres… Et c’est quand elle est partie qu’on m’a dit “Au fait tu savais que c’était Isabelle Chelley ?”… Il y avait Marion Ruszniewski aussi que j’apprécie beaucoup. J’aime bien ce genre de rencontre parce que ces deux nanas, en fait, elles sont assez vraies. Ce sont des journalistes qui aiment le rock. Elle sont quand même venues jusqu’à Montbelliard, dans la neige pour faire un live report sur deux dates avec les Jim Jones Revue. C’était pas les meilleures dates de la tournée… C’était pas des loges d’enfer, pas une bouffe d’enfer, mais elles étaient là. C’était cool.
Mais c’est rare…
Oui mais c’est vrai que de faire un tour report comme ça, dans lequel tu pars finalement avec les artistes, c’est là que tu peux réellement découvrir qui ils sont. Tu vois tout l’envers du décor. Tu vois que finalement être dans un tour bus c’est pas si glamour que ça, que les loges parfois sont pourries… (rires) Du coup ça m’avait plu de la rencontrer dans ces conditions. Parce que si je l’avais sollicité en sachant qu’elle est journaliste, qu’elle écrit bien, forcément la rencontre ne se serait pas passée de cette manière là. Tout le monde la sollicite. De toute façon quand tu rencontres les gens en dehors de leur milieu, c’est plus sympathique…
Sinon y a-t-il des groupes sur la scène rock française ou internationale que vous suivez, que vous aimez particulièrement en ce moment ?
J’étais super déçue d’apprendre que les Amazing Snakesheads, des écossais qui pratiquaient un rock incisif, froid, assez dévastateur, se séparaient. Ils étaient chez Domino et avaient pas mal de succès… J’ai également découvert Kitty Daisy & Lewis à la Maroquinerie. Ce sont des musiciens assez incroyables, capables de tout faire. Ils sont beaux, ils sont glam’, ils sont sexy… Bref on les déteste, ils ont tout !!! (rires)
Quel est le groupe pour lequel Parlor Snakes rêve d’ouvrir ?
Jon Spencer Blues Explosion sans hésiter.
Album « Parlor Snakes » disponible © Hold On Music / Hands & Arms et en tournée dans toute la France.
Super interview. J’attend la soirée où je mettrai la main sur ce CD…