Le hasard fait souvent bien les choses. Un soir je tombe sur une page FB (paraît qu’il ne faut plus faire de pub…) et ce titre, « Snake Crawl », d’un certain groupe parisien au nom bien accrocheur, Parlor Snakes (hommage à Fitzgerald, forcément j’adhère…). Et bon sang, ça sonne rudement bien. Je m’en vais donc à la pêche aux infos et découvre que le groupe a déjà pas mal roulé sa bosse sur scène à Paris et ailleurs: de belles premières parties, des tournées en Italie, un clip pour Lee Cooper, des pages modes d’un magazine (le groupe est forcément très photogénique…), bref c’est du sérieux.
Musicalement, au premier abord Parlor Snakes sonne comme un très bon combo de rock garage tendance rockabilly (Cramps, forcément), un peu comme si les Kills rencontraient Jeffrey Lee Pierce au coin d’une ruelle new-yorkaise mal fréquentée… C’est sacrément sauvage et terriblement attirant. En bons petits élèves de l’école CBGB’s, les quatre Parlor Snakes pourraient s’arrêter là, mais sans doute plus malins et cultivés que la plupart de leur confrères parisiens à tendance garage d’aujourd’hui, le groupe décide, tout au long de son album, le bien nommé « Lets Get Gone », de partir en road trip à travers l’Amérique et les fantômes du rock’n’roll crado…
Accrochez vos ceintures donc, car ça décoiffe…. Après avoir posé les bases de leur rock’n’roll vintage et sexy (« Snake Crawl »), les parisiens invoquent les fantômes de Lux Interior et Poison Ivy (« Light Up The House »), certes en moins déjantés, mais plus sensuels. Les guitares salement bluesy de Peter viennent dévergonder la voix de lady rock de la belle Eugénie, élégante et sexy. Entre Alison Mosshart et Ann Pierle, la belle impose une classe distante et sensuelle qui sait par moment s’enorgueillir d’influences plus punk (« Like a Dog »), on pense alors bien sûr à Debbie Harry. Clin d’oeil malicieux à la période CBGB’s que la guitare très Ramones de Peter fait plus qu’évoquer. Un bon petit morceau qui n’aurait pas fait tâche sur « Parallel Lines » ou « Plastic Letters »….
Loin de s’arrêter là, Parlor Snakes quitte ensuite New York direction New Mexico et propose des sons hypnotiques (« Wild Eyes », « Let’s Get Gone ») limite psychédéliques (ah…la cool attitude de l’orgue…). Le genre de morceaux à se retrouver au milieu d’une BO de Tarantino (esprit de Tito And Tarantula, es-tu là?)…ça sonne surf et rock’n’roll (« Keep Hurting Me »), blues déglingué façon Gun Club, avec une chanteuse en mal d’amour (et de sexe) qui n’en finit plus d’éructer. Sur la fin, Parlor Snakes se permet même des empreints plus « indie », (Get Down »), les solos de sax évoquent la bonne période de Morphine, inquiétante et bien psyché. Loin d’être à court d’idée, le groupe tire même parfois vers le son shoegaze (« Don’t Want Your Love »), fuzz et distorsion en tout genre étant au menu bien barré des grattes décoiffantes de Peter.
Avec tout ça, la production de l’album, un brin vintage et brut de décoffrage (super son de guitare au grain impeccable), se met au service des morceaux hantés et inspirés du groupe. De bonnes idées un peu partout (disto de voix, orgue coolissime, solos endiablés…) qui fusent et donnent du corps à un album décidément riche et envoûtant. Inspiré, classe et cultivé, Parlor Snakes est décidément un groupe à suivre. Reste maintenant à voir si le groupe tient ses belles promesses sur scène…
Pour les curieux, rendez-vous le 1er octobre au Gibus de Paris…
L’album « Let’s Get Gone », n’est prévu pour l’instant que pour janvier 2012, mais vous pouvez d’ores et déjà écouter des extraits sur leur page.
Ci dessous, leur clip tourné en 2008, en collaboration avec Lee Cooper…