Drôle d’époque tout de même. Où les faussaires récoltent la gloire et l’argent. Une star en carton pâte, bien déguisée en héroïne lynchienne qui plait aussi bien aux Inrocks qu’aux auditeurs de NRJ, affiche son beau minois figé. Lèvres pulpées au collagène et lifting à vingt ans. On se croirait presque dans un roman de Bret Easton Ellis tellement l’affaire semble diaboliquement ciselée. Rien n’est laissé au hasard. Calculé, rafistolé, relooké, marketé, empaqueté, projeté, vendu, emballé. Prêt à embarquer pour des millions d’exemplaires. Prêt à être gobé.
L’autre jour, un peu lasse, je me baladais avec mes enfants chez un « disquaire » bien connu et j’entends de loin ce titre de Lana Del Rey donc, « Shades Of Cool » qui ressemblait à s’y méprendre à un morceau des magnifiques Mazzy Star « California ». L’imposture est tellement belle qu’on en vient presque à apprécier le morceau gentiment dark de Del Rey alors qu’on crachait jusqu’à présent sur à peu près tout ce qu’elle représentait. C’est quand même un comble.
J’avais quand même détesté son premier album (qui était en fait le second, après la chirurgie et la réincarnation en icône hollywoodienne…), une atroce collection de morceaux putassiers, chirurgicalement produits, blindés de boucles r’n’b déjà has been, avec cette voix de poseuse un peu tête à claque, noyée dans des réverb’ aussi vilaines que celles d’Enya. J’avais vraiment tenté de comprendre le « phénomène » mais il y avait, il me semble, tromperie sur la marchandise. Je n’avais pas entendu grand chose de classieux, d’évanescent, d’inspiré, digne d’une diva en mode 60’s… Seul rescapé de cette vaste supercherie, le titre « Video Games », dans lequel Elizabeth Grant (son vrai nom), suçait déjà le sang de la pauvre Hope Sandoval.
J’avais donc décidé de ne pas me faire avoir une seconde fois.
Peine perdue.
Je me retrouve donc obligée d’écouter cet « UltraViolence », pour pouvoir me faire une idée de la chose. Voir si la supercherie allait plus loin. Jusqu’où ce joli vampire pouvait pousser le vice.
Alors bien sûr Dan Auerbach est aux manettes. Même si j’ai lâché l’affaire des Black Keys depuis le fiasco « El Camino » (qui les a pourtant propulsé au firmament des étoiles du rock mondial), il faut bien lui reconnaître un certain talent pour la production. Le gars a bien pigé le propos de l’affaire Del Rey. Coincé entre Kate Bush, Liz Fraser et Mazzy Star, Auerbach nous la joue Dream Pop pour les nuls. Voix évanescente un peu trop haut perchée noyée dans les reverb’, petites guitares mélancoliques, pluie de claviers. Les morceaux ne sont ni désagréables, ni palpitants. On retrouve la pause et la moue boudeuse, dans cette voix mutine et plaintive qui se force à larmoyer « I’m a sad girl, I’m a bad girl, I’m a mad girl ». Je ne sais pas vraiment si on doit la croire. En même temps le rôle est endossé. Le costume est assumé.
C’est peut être ça finalement le propos. Une mise en abîme complète. Quand David Lynch rêve des nuits obscures d’Hollywood. Qu’une gamine se prend pour une chanteuse qui rêve de ressembler aux héroïnes de Lynch, perdue dans les rues de Hollywood Boulevard. C’est tellement plus joli sur le papier que sur disque. Voilà le problème…
J’aimerais bien y croire mais non. Désolée. Je suis peut être un peu vieux jeu, mais si je veux fantasmer à cet univers, je préfère me replonger dans la voix de Julee Cruise ou l’oeuvre de Badalamenti, écouter le dernier Mazzy Star (ou tous les autres) ou sombrer dans les méandres des Cocteau Twins. Le label Bella Union édite régulièrement d’excellents disques de Dream Pop dont le dernier Marissa Nadler « July », troublant et vénéneux. Voilà de quoi hanter mes nuits. Et je préfère m’arrêter là. Car tous ces disques ont une « âme », un pouvoir un peu magique et mystérieux. Et Lana F** Del Rey aura beau larmoyer dans ses plus beaux atours , elle n’atteindra jamais, à mon sens, cette petite divinité.
Ici le titre assez magique de Mazzy Star, extrait de leur dernier album « Seasons Of Your Day » :
Et la belle imposture de Lana Del Rey (vous en trouverez plein d’autres sur son dernier album…). Evidemment les moyens mis en oeuvre pour le clip ne sont pas vraiment les même… J’en ai mal au coeur rien que d’y penser :
Oui c’est bien de faire une petite mise au point de temps en temps!
Mouais… Meme si je ne suis pas du tout fan de Lana Del Rey (en fait j’apprécie vraiment ses premières démos, quelques titres du 1er album (le caché), un peu moins de Born To Die, et pas du tout le 3eme), il faudrait penser à changer de cheval de bataille sur elle… Elle n’a jamais fait de chirurgie et une analyse un peu plus « complete » de ses photos le prouve aisement… Faut aller un peu plus loin que « oulalal elle fait la moue, elle a les levres silliconées »…
Voila, bye bye!
Salut Domino! Merci pour ton commentaire. Il me semble pourtant que mon article « analyse » un peu plus sa musique que les retouches de son visage :)
Tu crois qu’elle n’a jamais fait de chirurgie? Pourtant quand tu regardes la pochette de son tout premier album, je crois qu’il n’y a quand même pas photo…
Ah mais je ne critique pas ton article, qui est plutot pas mal!
C’est juste que très honnetement, je ne pense absolument pas qu’elle ait fait de chirurgie, pour une raison très simple.
Cherche des videos de ses premieres démos (You Can Be The Boss, Kinda Outta Luck, par exemple), où on peut la voir plus jeune qu’a l’époque de ce 1er album dont on se sert comme pseudo preuve de chirurgie…
Ses levres, elle a les memes que maintenant, se les seraient elles fait degonflés puis regonflés a loisir? Je ne crois pas, non.
A mon humble avis, la nana est juste tellement appretée parfois, en mode « moue boudeuse et levres ultra méga maquillées/glossées » que oui, on peut croire que…
Mais je pense que tu prends n’importe quel nana aux levres classiques, tu l’appretes a mort, et elle ressortira pareille.
Donc, de mon analyse, la pochette que tu as montré a été prise en mode « ultra mega naturelle », ce qui n’a pas toujours été le cas… Voila :)
waouh … je suis choquee a quel point le morceau de lana est pompee sur mazy star, que je ne connaissais pas et etonnee que personne dans le milieu musical au moins n’ait fait le rapprochement avant. Les copycats sont toujours plus populaires que les originaux je crois!
Pour la chirurgie apres pas mal de recherche videos photos etc c’est aussi flagrant que le ravalement de facade de priscilla presley, mais la controverse est toujours plus vendeuse qu’un simple aveu!
pour une « rebel girl » ta misogynie évidente est asphyxiante ! mazzy star ont sample de nombreux artistes comme le velvet underground et les doors…. l’utilisation de chirurgie esthétique n’est pas un argument valable lorsqu’on parle de MUSIQUE…. cet article est vraiment prétentieux !!