Mélanie Pain « Parachute »

Vous connaissez sans doute le joli brin de voix de Mélanie Pain, croisée avec plaisir sur le projet français Nouvelle Vague, qui reprend avec chic les succès New Wave en version bossa nova sensuel et décalé. De l’easy listening bien entendu, taillé sur mesure pour les soirées parisiennes mais qui a le mérite d’être extrêmement bien exécuté et d’avoir permis de mettre en lumière de très jolies voix féminines dont Phoebe Killdeer, Marina Celeste et donc Mélanie Pain.

Ici en solo, et ce n’est pas la première fois, car Parachute est déjà son troisième album, Mélanie vole enfin de ses propres ailes en s’affranchissant complètement de ses influences (Pj Harvey, Nick Drake…). Elle plonge ici ses compositions sensibles, chansons d’amour noires et sensuelles, avec délice et une délicatesse infinie dans un bain électronique et organique. “Peu importe si je tombe” susurre-t-elle dans “Jette”, et Mélanie n’a visiblement pas peur de sombrer, de prendre des risques et de faire flotter ses jolies mélodies dans un parachute, jeté au dessus d’une mer agitée.

Mélanie Pain s’est entouré de Gael Rakotondrabe, pianiste et arrangeur d’Antony & The Johnson et Cocorosie, pour donner corps à ses morceaux en apesanteur. Le résultat est précieux et étonnant : un son électronique et organique, hyper moderne, qui casse les codes de la pop et ringardise salement la chanson française d’aujourd’hui. Dès l’ouverture, Mélanie frappe en plein coeur: “Comme une balle” définit l’ambiance avec ses boucles électroniques frappés comme les battements du coeur. Composés autour d’un piano triste les meilleurs titres de l’album tremblent de froid et d’effroi, noyés dans un bain synthétique où se révèle un peu mieux toute la sensualité de la chanteuse. Charnelles et sensibles, c’est au corps que parle d’abord ces chansons planantes et malheureuses ( “Mets tes lèvres de rubis sur ma peau nue/ Sans tes lèvres de rubis, je suis perdue” pleure-t-elle dans “Lèvres Rubis”). L’univers sonore est complexe et chatoyant (”Là ou l’été« ), mais jamais superficiel car les textes sincères et touchants de Mélanie parlent d’eux même (“Le Mot”, “Dans Une Boîte”, “On Dirait”) avec une poésie nourrie au fil des humeurs et des saisons, bercée par une sensualité mélancolique et nostalgique. Certains titres paraissent alors un peu pâles à côté de ces belles réussites (“Pristine” un peu trop 80’s et “Rio” trop easy listenning), mais on n’en voudra certainement pas à la belle Mélanie qui s’octroie avec Parachute une place bien à part dans le paysage musical français, bien plus proche de Bat For Lashes que de Françoise Hardy…

Mélanie Pain « Parachute » © Kwaidan Records 2016
En concert à Paris, le 24 Février au Méridien Etoile.

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