Bon allez, je l’avoue, je n’ai jamais été une grande adepte des machines. Comme je suis une fille un peu old school, ça me pose toujours un petit problème d’éthique au premier abord, lorsqu’on remplace la chaleur, la frappe, et l’énergie d’un(e) batteu(se)r par le son synthétique d’une boîte à rythme mécanique. Ceci étant dit, force est de constater que depuis quelques années déjà, de nombreux groupes écrivent le futur du rock’n’roll en faisant s’accoupler guitares et machines, dans un grand chambardement incestueux. Il suffit de jeter un oeil aux deux meilleurs disques sortis ces derniers mois: voilà deux anglaises qui revisitent la dream pop en jetant leur bon vieux batteur aux oubliettes!
D’un côté Natasha Khan de Bat For Lashes, qui a enfin résolu son complexe Björkien, en sortant « The Haunted Man », un très beau disque hanté, élégant et fragile, qui fait la part belle au son glacial des machines mécaniques, servant d’écrin à de poignantes et délicates pop-songs.
De l’autre Suzanne Aztoria des mystérieux Trailer Trash Tracys, qui sonnent comme la bande son d’un film de David Lynch, époque Twin Peaks. Les malins reprennent tous les gimmicks de Badalamenti, mixent ça avec une voix planante façon Julee Cruise ou Liz Fraser et créent au final de superbes mélodies spectrales d’une rare élégance.
Dans un registre totalement différent mais toujours avec des machines, c’est à Paris que ça se passe, avec les trois riot girls des Ragnoutaz, qui sortent ces jours ci un concept album autour du thème sympathique des menstruations… Sur le papier c’est plutôt rigolo, et comme j’avais déjà tendu l’oreille sur leur premier enregistrement, je crois savoir à peu près à quoi m’attendre. En effet les Ragnoutaz comptent dans leur rang Bloody Mary (ex Audrey Horne de Native Nothing), mais qui ne tient malheureusement pas ici principalement le micro.
« There Will Be Blood » donc, lancent-elles dès l’ouverture, et en effet, on est pas déçu. Les filles enchaînent les titres entre electro-disco et punk minimaliste aidé par des guitares souvent bien senties (« Room Service », « There Will Be Blood »), en scandant des paroles sanglantes et décalées. C’est plutôt fun dans l’esprit même si on pense évidemment à plein de groupes cultes de Bikini Kill à Le Tigre en passant par L7, qui, dans le genre, ont mis la barre bien haute.
Pas facile, en effet, de rivaliser vocalement avec des tigresses telles que Kathleen Hannah ou Jennifer Finch. Et c’est un peu là que le bât blesse. Très à l’aise lorsqu’elles s’éclatent sur des titres electro-rigolo (le tube « Dance & Suffer », qui vaut carrément le détour ou l’excellent « Boy Cheerleader »), ça pêche par contre un peu quand ça se la joue proto punk. Forcément entre Yelle et Kathleen Hannah, c’est un peu le grand écart facial, et Z Mohd Farooqi, la chanteuse, se rapproche vocalement plus de sa compatriote frenchy (tout de suite moins ma tasse de thé… ) que de la reine des riot grrls. Dommage donc que Miss Bloody Mary n’ai pas plus poussé la chansonnette sur ce coup là (elle est déjà aux manettes des guitares/machines/choeurs). Avec sa façon bien à elle de mêler fragilité et fureur, elle aurait pu donner une couleur et un charme vraiment particulier aux morceaux enragés de ses copines…
Reste au final un disque réjouissant, bourré de refrains catchy et dansant, pas forcément bien mis en valeur par une production un peu rudimentaire, mais plein de bonnes intentions et qui refuse (presque) de se prendre au sérieux.
Vivement la suite!
Je suis tout à fait d’accord avec l’article. Les compos sont marrantes et dansantes bien que simplistes tout de même, mais la voix de zelda la « chanteuse » est juste affreuse et au mieux pas terrible, elle a une voix nasillardo-fluette de vieille casserole rouillée trouvée dans une brocante de cité-dortoir, enfin elle ne va pas du tout avec le style punk electro ou plus generalment rock, cela dessert le groupe à mort. Les deux autres nanas envoient le bois je trouve.
Un changement de line-up serait donc fort appréciable, et surtout profitable à votre projet mesdames.