Il y a quelques années de cela, je tombais follement amoureuse d’un disque au charme intemporel et à la classe incroyable, porté par un petit bout de femme à la voix sans âge. Ce disque c’était « Time (The Revelator) », et cette voix, celle de Gillian Welch, le secret le mieux gardé de la country moderne.
Vénérée aux US, mais assez méconnue en France, Gillian Welch, qui débarqua sur la scène folk-americana en 96, avec « Revival » produit par le grand T-Bone Burnett, est pourtant devenue, au fil des années, la figure de proue de la nouvelle scène country, redonnant à ce genre un peu désuet, la digne place qui lui revient. Cultivée, sincère et touchante, Gillian puise ainsi son inspiration dans la musique traditionnelle américaine (country, bluegrass), et inonde ses albums de petites pépites folk délicates et surprenantes de simplicité. Une production minimaliste et classieuse, qui laisse la part belle au son authentique des guitares et à la voix intemporelle de Gillian, profonde, grave et touchante, habille ainsi ces moments de grâce suspendus qu’on a envie de se repasser en boucle.
Ces jours ci, Gillian revient en force avec son complice de toujours, David Rawlings, et sort « The Harrow and The Harvest », sur leur propre label, Acony Record. Une pluie d’éloges inonde déjà la toile et la presse écrite anglo-saxonne (en France, on a toujours un train de retard), ce qui n’est franchement pas étonnant étant donné la qualité exceptionnelle de l’album.
Des mélodies belles à pleurer (« Tennessee », « Down Along The Dixie Line »), que le temps ne risquent pas d’abîmer tant elles semblent d’un autre temps. Cet album, tout en finesse et en retenu sonne comme la BO idéale d’un voyage au coeur des Appalaches, mais sans jamais sonner kitch ou tomber dans la case « Pocahontas moderne » (contrairement à certaines chanteuses folk de ces dernières années…). Tout ici n’est que classe et beauté, et Gillian alterne ainsi les émotions entre des morceaux bluegrass (« Six White Horses »), des moments plus folk à la Neil Young (« Hard Times »), et pure country-songs évoquant une Emmylou Harris des meilleurs jours (« Silver Dagger », « The Way The Whole Thing Ends ») ou une Dolly Parton sans choucroute ni implants mammaire (« The Way it Goes »).
Elégante, et gracieuse, la voix de Gillian ne cherche jamais la séduction mais se place directement au coeur des émotions. Sans jamais hausser le ton, elle se tient en retrait, observatrice d’un quotidien parfois douloureux, au coeur d’une Amérique poétique et fascinante. Tout en émotion et en simplicité, ce disque n’a rien à envier aux meilleures productions du genre et doit même faire pâlir de jalousie la star incontestée de la country mainstream, la belle Alison Krauss, qui, en solo, ferait bien d’enlever une bonne couche de maquillage sonore.
Car mise à nu, sans artifice, deux guitares, une voix… Comme formule magique dans la musique, on a toujours pas trouvé mieux…
Avis aux amateurs…
Je connaissais pas. L’album est super bien!! Merci pour cette découverte.