Live Report Hole @ Bataclan 25-08-10

© Rod – Le HibOO

Alors oui. Bien sûr. Hole ce n’est plus ce que c’était. Oui. Bien sûr, il ne reste de Hole, que le nom, et le charisme déjanté de sa leadeuse. Oui bien sûr, Courtney Love est critiquable. Oui, bien sûr, Miss World Grunge n’a pas fait que des chefs d’oeuvre, loin de là. Oui, bien sûr, « Nobody’s Daughter », malgré quelques bons titres, n’est pas l’album de la rédemption que l’on espérait. Oui bien sûr, Kurt Cobain, Frances Bean… Oui, oui, je sais tout cela. Mais malgré tout, j’ai quand même raqué 45 euros(!) pour aller applaudir l’idole de mon adolescence de rebel girl. Et oui les amis, on ne se refait pas…

Alors bon, Hole 2010, ça donne quoi?

Mieux que toutes les biographies du monde (celle de Poppy Brite est quand même très bien):le live. On comprend direct pourquoi Courtney fascine autant qu’elle rebute. Dès l’entrée de scène (en grande pompe, digne de Marie Antoinette) le ton est donné. Courtney envoie valser ses roadies, ignore son groupe un brin mollasson, fait sa starlette, mais attaque le show par un rageur « Pretty On the Inside », qui fait vraiment du bien. Rien à dire, Miss World n’a rien perdu de sa hargne. Sa voix, éraillée par l’âge, l’alcool, la clope, la dope, enfin tout ce que vous voulez, est pourtant intacte, puissante et terriblement touchante. Elle enchaine sur une reprise des Stones bien sentie, « Sympathy For The Devil », puis sur son nouveau hit, un peu fainéant, « Skinny Little Bitch », qui soulève la foule déjà moite. Jusqu’ici, tout va bien. Ou presque.

Entre les morceaux, Courtney blablate, raconte sa vie, pour le meilleur, comme le pire. Calculées ou pas, ses interventions font partie intégrante du show, et lui donnent une atmosphère chaleureuse, un peu bancale, comme si tout pouvait encore arriver. Derrière, le groupe, un peu fatigué, attend que la star daigne se mettre à jouer…

Alors voilà, on a eu des tubes, en veux-tu en voilà (« Malibu », « Violet », « Miss World », « Plump », « Celebrity Skin »…), pour faire plaisir aux fans, à nous les trentenaires (ou presque), punks vieillissant, qui sommes venus pour ça. Pour nous rappeler cette époque bénite, où l’on portait de grosses Doc Martin’s, et des bas résilles troués, en pensant qu’on allait refaire le monde. (sic)

Et puis de belles reprises aussi: un joli et très authentique « Take This Longing » de Leonard Cohen, (raillerie de Courtney qui veut nous apprendre qui est Leonard Cohen, en se moquant du succès de « Hallelujah »: « Enough of that, PLEASE! »). Mais surtout, un grand moment d’émotion à fleur de peau quand elle ose une version acoustique simplissime, mais sublime, du génial « Jeremy » de Pearl Jam. Personnellement, j’en avais presque les larmes aux yeux, tellement c’était sincère, entier et généreux. Bourré de défauts, mais tellement touchant, surtout quand on sait quel regard portait Kurt sur Eddie Vedder et Pearl Jam, et quand Courtney nous explique qu’elle écoutait ce morceau à longueur de journée quand elle était enceinte, et que ça rendait Kurt complètement fou… Voilà, tout est dit. Cette époque est belle et bien révolue, et personne ne nous y ramènera plus. Gros moment de nostalgie donc (pour nous autres les trentenaires….en même temps, pas beaucoup de « jeunes » dans la salle. Mais ce n’est pas très étonnant, à 45 euros la place…).

Après cela viendront quelques moments un peu moins mémorables (le mielleux « Honey », les deux versions poussives de « Dirty Girls Get Clean »), un « Doll Parts » FMisés (faut dire que le groupe, derrière, bien carré, joue plus comme le E Street band de Springsteen que comme un groupe de riot grrls…) forcément, ça change la donne. Mais le joli « Pacific Coast Highway » s’en sort quand même bien…

Et voilà, ce fut court mais intense. On en ressort lessivé. A la fois heureux et déçu. Comme si on venait de revoir une vieille copine un peu déglinguée, qu’on adore, mais qui ne peut s’empêcher de faire un peu n’importe quoi. Parce que c’est ça aussi Courtney Love (et c’est pour ça qu’on l’aime). Capricieuse, arrogante, énervante, fascinante. Malgré tous ses défauts de rock star pimbêche (en même temps, qui peut rivaliser?), on ne peut pas vraiment lui en vouloir. Niveau charisme, je ne trouve pas grand monde qui puisse lui arriver à la cheville. Pourtant, Miss World est scéniquement, plutôt fainéante (elle fait semblant de jouer de la guitare, elle oublie souvent les paroles, ou les mélange, ou les réinvente!). Mais pourtant, ça marche. Rien à dire. Elle est belle, sexy, vulgaire, magique, incroyablement puérile, aussi méchante que douce. Tour à tour Cendrillon et Marâtre. Petite fille candide, et vieille rockeuse blasée. Elle n’a pas besoin de grand chose pour attirer l’attention. Pas besoin de mise en scène. Pas besoin de performance. Pas besoin de jeu. Pas besoin de se rouler par terre. A peine besoin de sa voix.

Tout est dit. Tout est là.

Je n’ai plus qu’à aller me rhabiller….


© Rod – Le HibOO

© Rod – Le HibOO

1 Commentaire

  1. Tu as tout dit !! moi aussi je l’ai attendu ce concert….. une sorte de rêve qui est enfin venu… mais pas la prestation du siècle … Mais quand même Courtney Love alors je lui passe tout !!

    ;-)

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