On le sait, la génération post-Kills est déjà sur les starting block, et pour une fois, la France n’a pas dix ans de retard. On croise donc régulièrement, sur la scène parisienne et ailleurs, des bébés VV & Hotel, et des sous Dead Weather qui viennent tout juste de découvrir les joies de l’électricité. On le savait déjà, ce style de rock là, est décidément bien « in », (voir les pubs Zadig et Voltaire), normal donc que nombre de groupes plus ou moins talentueux prennent le pari de rivaliser avec leurs aînés bien fringués (rappelons tout de même qu’avant d’être des icônes de mode, les Kills furent il y a dix ans déjà, un excellent groupe de garage rock sauvage et sensuel…).
Bref, là où certains se cassent les dents comme il se doit, The Locomotive Sound Corporation, a le talent et la classe d’avoir déjà plusieurs trains d’avance….
Après avoir sillonné les scènes de Paris et d’ailleurs pendant près de deux ans, le groupe sort ces jours-ci son premier Ep, produit par Guyom Pavesi (Die On Monday) et masterisé par Alan Douches (Mastodon, Headcharger). Ainsi dès la première écoute, la maturité musicale et l’excellente production à la fois soignée, crade et sauvage viennent titiller nos oreilles endormies. Alors bien sûr, les influences, dévorantes et omniprésentes, pèsent sur ces 5 morceaux furieux, sexuels et sous tension, telle une ombre maléfique et impitoyable. Pourtant, la locomotive en marche, LSC joue un rock ultra sexy, à la fois androgyne et féminin, où les voix du duo s’entremêlent et se confondent dans une troublante danse du diable.
Si le premier morceau, « Last Train » se détache difficilement du style des Dead Weather, la suite relève pleinement le défi grâce à l’articulation rythmique des morceaux qui mélangent très habilement l’homme et les machines. Tout en gardant un son brut de décoffrage et une énergie rock qui n’a rien à envier à leurs compères anglo-saxons, LSC trouve la formule pour devancer tous ses rivaux. Sans doute plus cultivés, ils ont la bonne idée d’intégrer à leur rock sauvage, une bonne dose de guitare noise, esprit Sonic Youth, et surtout des machines en furie, synthétiques, plombées et violentes, qui viennent soutenir une batterie aux idées déjà bien tordues. Un peu comme si VV venait s’acoquiner avec ce bon vieux Trent Reznor, sur des riffs minimalistes et bluesy (« Poison », « Rounded Circle »). Le groupe va plus loin, s’emballe, s’enrage et s’envole (« Turn Into Rage »), proposant ainsi de nouveaux horizons à un genre qui tournait jusqu’ici un peu en rond. A ma connaissance, personne n’a encore osé tenter l’affront de faire groover des machines mécaniques sur un rock bruitiste et fièvreux (sans faire de l’indus à proprement parlé, ou de l’electro/rock branchouille)….
LSC a donc tout bon. Et ce n’est pas le final, « King Kong », qui viendra me contredire. Ryhtmique lourde, riff presque stoner, voix qui crache son venin… Là où tant d’autres se contentent de pâles copies pas bien folichonnes, The Locomotive Sound Corporation reprend le flambeau, là où les Kills/Weather l’ont laissé, en poussant le bouchon un peu plus loin, vers une nouvelle forme de rock’n’roll tribal, sensuel, et complètement obsédant. Une sacrée claque…
Pour ceux qui veulent assister en live, au passage de flambeau, le groupe sera en concert le 22 juillet à L’International à Paris.