Voici un objet un peu inédit. Pour son troisième album, Orianne Marsili alias Ladylike Lily nous offre un joli conte musical pour petits et grands. J’avais beaucoup apprécié le deuxième disque en français (“Dans La Matière”, sorti en 2016 et chroniqué ici), de cette jeune artiste bretonne pleine de promesse. Ladylike Lily séduit immédiatement par sa voix cristalline pleine de grâce et de mélancolie, posée tout en douceur sur des arpèges folk ou des beats electronica. Artiste délicate et sensible, Ladylike Lily continue ici, l’air de rien, son travail d’orfèvre en concoctant un voyage onirique suspendu hors du temps dans un univers imaginaire, peuplé de féérie et de douce mélancolie.
C’est l’histoire de Lily, petite fée, petite fille, née dans un monde terne en noir et blanc, qui va partir dans une quête initiatique, à la recherche des couleurs de l’arc en ciel. Une quête qui va lui permettre d’assumer sa féminité et son être tout entier. C’est également, en suspens, une réflexion sur l’écologie, la terre, la découverte et l’acceptation de l’autre.
Avec mes yeux (et mes oreilles) d’adulte, et sans avoir vu le spectacle dont le disque se fait le support, j’ai trouvé l’album vraiment réussi. Musicalement riche, on trouve l’apport d’instrumentations inédites, beats électroniques inspirés de percussions tribales et des arrangements inventifs et malins, tout en restant accessibles et très épurés. “Echoes” s’écoute aussi bien comme un bon album de pop planante avec des titres phares qui se détachent un peu plus ( “Il y a” un morceau d’ouverture aux allures féériques, “Sous le Cyan” belle chanson de petite sirène mélancolique, “Les Voix”, leçon de courage pour toutes les petites fées du monde). Vocalement, LadyLike Lily plane toujours au dessus de ses morceaux sans forcer, avec un joli filet de voix de tête bien maîtrisé. Son timbre elfique et mutin colle parfaitement au propos du disque qu’elle interprète avec une belle émotion et de très jolies harmonies. Bref tout ceci est plutôt bien ficelé, malgré quelques longueurs et petites redites (sur 48 minutes) et le disque donne clairement envie d’aller voir le spectacle.
Mais comme je ne suis pas la cible principale du disque, j’ai proposé à ma Mini Miss âgée de 7 ans de jeter une oreille sur le disque. Premier point, le design l’a tout de suite attiré. Même si je n’ai pas eu la chance de recevoir le livre disque “officiel” mais seulement l’exemplaire promo, la pochette l’a immédiatement interpellé. Quel dommage donc de ne pas avoir eu droit au livret illustré par Orianne elle même (seulement téléchargeable pour la promo), mais les attachés de presse et les labels, en voulant faire des économies, oublient de plus en plus qu’un disque c’est avant tout un objet (à manipuler, à étudier, voire à aimer!). Et quand celui-ci est particulièrement bien travaillé comme cela semble le cas pour “Echoes”, c’est bien dommage de ne pas pouvoir en profiter dans son intégralité pour que l’expérience soit complète.
Avec mes oreilles d’adultes, j’avais tout de même des interrogations sur la lisibilité de l’histoire pour les enfants, d’autant plus que le disque cible le jeune public dès 5 ans. Or, sans avoir vu le spectacle et sans avoir accès au livre, j’ai moi-même dû vraiment tendre l’oreille pour comprendre la narration globale. En effet, les textes de Ladylike Lily sont empreints d’une belle poésie mais cela reste assez abstrait pour les enfants. Mini Miss a été très sensible à la musique, l’univers féérique, féminin et les instrumentations percutantes mais m’a avoué ne pas avoir trop compris l’histoire. Et c’est un peu le petit point faible du disque. Une narration de l’auteur aurait été la bienvenue, quelques phrases entre chaque morceaux, pour faire le lien et éclairer les petites oreilles attentives. Je précise que Mini Miss a l’habitude des disques-livres, et écoute régulièrement des contes musicaux, de tous genres confondus. C’était donc un bon public à la base pour ce genre d’ouvrage…
Dans tous les cas, “Echoes” donne clairement envie d’aller voir le spectacle… À tester en live donc !
Ladylike Lily « Echoes« , ©Patchrock 2019 ©Ladylike Lily 2019