Chroniqué il y a quelques mois dans ces pages, Klink Clock sort enfin ces jours ci leur excellent premier album « We dont have the time to do love all the time », un condensé d’énergie brute, sexy et salace de blues crasseux et de grunge déjanté joué par un duo attachant et singulier: Jennie et Aurélien, respectivement chanteuse-half drummeuse et guitariste-chanteur. En pleine tournée de promotion (entre festival et première partie…) ils ont la gentillesse de m’accorder une petite interview histoire d’en savoir un peu plus sur ce groupe décidemment à suivre…
Tout d’abord merci d’avoir accepter cette petite interview. Vous êtes actuellement en pleine tournée…
Aurélien: Avec plaisir. Nous sommes en off là, tout va bien!
On va parler un peu de vos débuts pour commencer. Comment vous êtes-vous rencontré?
Jennie: C’était il y a bien longtemps, déjà autour de la musique. On se retrouvait entre potes pour écouter des disques. Et on ne s’est pas quitté depuis.
La formation du groupe date de quand?
Jennie: Depuis 2009, mais le premier concert date de mai 2010, au Sax à Achères.
Comment en êtes vous arrivé à jouer tous les deux, dans cette configuration, guitare, voix et demi batterie? Le concept était voulu?
Jennie: Le duo : oui c’était voulu. On a commencé avec deux voix, Auré à la gratte et moi au clavier…. On s’ennuyait. Enfin, en concert ! On n’arrivait pas à donner l’énergie que l’on souhaitait faire passer. Du coup, on a ajouté la batterie petit à petit, et le clavier a disparu… Pour le moment! Mais on aimerait faire varier cette formation au fur et a mesure du temps. Différents instruments, différentes collaborations…
Ca pourrait être sympa! Mais il faut avouer que ça marche déjà vraiment bien comme ça. Il y a une vraie cohésion entre vous deux et une façon vraiment singulière de réinventer un peu la formule magique du rock…
Aurélien: On souhaite surtout s’amuser. Ensemble, on se comprend très vite et tout passe en un regard, sur scène cela devient explosif. Je ne pense pas que nous réinventons ce concept mais on en joue avec plaisir.
Ca se sent. J’ai l’impression que c’est justement cette configuration hyper minimaliste qui singularise votre son et qui fait ressortir toute l’intensité de vos compos. Il y a quelque chose de très frais qui se dégage de tout ça. Mais on a déjà du vous le dire…
Jennie : Frais, peut-être pas, mais ça fait plaisir!
On a déjà du vous comparer aux White Stripes ou aux Kills non?
Jennie : On nous ressort les classiques duos des années 2000, mais aussi des formations plus complètes des années 90, qui font plus parties de nos influences.
Parlons de vos influences justement… A mon sens en effet, vous êtes plus proche des groupes des 90’s. Et ça fait plaisir (en France c’est plutôt rare !). A l’écoute de vos titres on pense à Babes In Toyland, Sonic Youth, Hole…cette scène là, ça fait partie de vos influences?
Jennie: Oui, bien sûr ! Il est vrai que je me suis beaucoup intéressée aux nanas qui font ou faisait du rock’n’roll, du punk…Et donc pour en citer d’autres à différentes périodes : Nina Hagen, Pj Harvey, Jack Off Jill, Dresden Dolls, Die Antwoord, Skip and Die, M.I.A.
Aurélien : Petit, mes parents écoutaient déjà de bon trucs : The Doors, les Stones, Springsteen… cela forme! Et la vague 90′ c’est tout notre adolescence forcément. Nine Inch Nails est une grosse influence aussi ! Du coup, là sur ITunes, en mode shuffle, on est passé de Korn aux Kills et des Kills à Slade.
Le grand écart ! (Rires) Une question pour Jennie… (ça me fait vraiment plaisir que tu cites ces groupes là) As-tu l’impression que c’est plus dur pour une fille de faire du rock en général? As-tu rencontré des difficultés?
Jennie: Il ne faut pas croire que c’est plus simple d’être une fille qui fait du rock. Après, si c’est plus dur? Je ne suis pas sûre. C’est un peu la galère pour tout le monde à la base. Mais pour rester sur la question du sexe, tu peux autant rebuter les gens en étant une nana, que produire l’inverse. Les étonner. Mais c’est vrai que ça intrigue peut-être encore un peu. La dernière remarque qu’on m’ait faite qui m’a fait marrer (venant d’une nana) : « C’est drôle, tu n’as pas l’air de la musique que tu fais. Je te verrai plus au violon. »
C’est dingue !
Jennie : Donc bon, les gens s’imagineront toujours plein de choses, et puis le but sur scène c’est d’arriver à les amener ailleurs, alors on va dire que j’y suis arrivée ce soir là, pour cette nana là !
Les groupes menés par des filles que tu as cité sont pour la plupart portés par un message féministe très fort ou en tout cas un point de vue très marqué (que ce soit Jack Off Jill ou Nina Hagen) Ce sont des filles qui ne sont pas là pour rigoler. Tu te sens proche de ça?
Jennie: Je n’y réfléchis pas tant que ça. Mais c’est vrai que la femme est encore perçue aujourd’hui comme inférieure à l’homme dans la majorité des têtes. Que ce soit la tête des hommes, ou des femmes. Le soit belle et ferme bien ta bouche est bien présent…et c’est le « belle » qui commence à faire peur…
C’est toi qui écrit les textes Jennie?
Jennie: Nous écrivons tous les deux.
Quels sont vos thèmes de prédilection?
Jennie: Le rêve, la mort, la haine, qu’est ce que l’Amour, qu’apporte le confort? Qu’est ce que le bonheur….
Vous composez tous les deux ensemble?
Aurélien: Oui tout à fait, ou alors l’un fredonne un rythme ou une ligne vocale et ça peut partir comme ça! Mais chacun a sa patte dans un morceau, c’est très important!
Vous êtes en pleine tournée en ce moment notamment en 1ere partie d’Indochine sur certaines dates. J’avoue ce n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais d’un point de vue « promo » c’est top! Comment ça s’est passé? Comment êtes vous arrivé sur leur tournée ?
Aurélien: Cela se passe super bien! Le crew d’Indo est vraiment super et pro, le public est répondant et présent, c’est franchement cool!!!
Comment vous en êtes arrivé là?
Aurélien : En faisant un max de concert !
Vous avez un booker? Quelqu’un qui vous aide à trouver des dates ou vous êtes en total DIY?
Aurélien: Nous n’avons pas de booker.
Jennie : Nous avons une personne sur la région Nord qui nous booke des dates : nous partons pour une mini tournée de 4 jours en avril. Mais pas de bookeur officiel ! On est dans le DIY, par nécessité, et un peu par envie. Nos premiers EPs ont été fait en exemplaires limités (99), tamponnés un à un à la main! Les coupons de téléchargements des vinyles que nous venons de sortir ont aussi été faits à la mano!
Comment faites-vous concrètement? Vous avez un boulot à côté je suppose? Vous ne devez pas avoir une minute à vous du coup!
Jennie: Oui, on a chacun un boulot à coté… Les « minutes à nous » on les passe dans le projet !
Aurélien: Le titre de l’album répond bien à la question (« We don’t have the time to do love all the time »)
Jennie : Mais mon autre taff me plaît également, donc c’est cool.
Vous faites quoi?
Jennie: Je créé des sacs et accessoires en chambre à air de vélo recyclée. La marque s’appelle KREJCI. Et à côté de ça je confectionne des poupées et animaux imaginaires en tissu (comme sur la pochette du deuxième EP)
Aurélien: Je répare des guitares dans un atelier a Paris.
Que pensez-vous de la scène « underground » actuelle en France? Vous trouvez des dates facilement?
Aurélien et Jennie: Qu’appelles tu la « scène underground » ?
La scène des groupes dits « en développement »
Jennie et Aurélien : Bah on connaît plein de bon groupes dits « en développement » : Tremston, Twin Arrows, Keep it Down, Téléférik, Rivkah, Locomotive Sound Corporation…. et on en passe ! On est tous dans le même bateau ! Des dates ça se trouve, après.. On sait tous que certains lieux ne sont pas réglos.. Mais ça a l’air de faire partie du jeu.
Ca doit faire un choc après quand tu tournes avec Indochine!
Aurélien: C’est kiffant mais on prendra toujours autant de plaisir à jouer devant un public peu importe le nombre et le lieu!
Tiens d’ailleurs vous ne m’avez toujours pas dit comment vous en êtes arrivé à jouer avec Indochine! Il y a eu une rencontre quelque part?…
Aurélien : Alors, en fait, on ne sait pas exactement… On a pas élucidé le mystère (rires) parce que faut pas croire, au fur et à mesure des rencontres, on rencontre des gens super sympa, et chacun essaie de s’entraider. Mais ce dont on est sûr c’est que le coup de fil a eu lieu après notre prestation au festival Génération Réservoir…
A ce moment le groupe doit filer… Avant de partir je leur demande ce qui tourne en ce moment dans leur platine (ou dans leur IPod)…
Jennie et Aurélien : En ce moment même, nous écoutons Gawky, un groupe du coin qui est maintenant sur un autre projet : Open Ended. Sinon, dans la caisse en tournée pour indo, The Minutes passe très bien !!