Une fois n’est pas coutume, c’est un groupe mené de front par un leader masculin sur lequel je me penche aujourd’hui (le rôle de rebel girl est ici endossé par Mai Lan Hoang, bassiste de son état). C’est donc Palem Candillier, l’homme aux multiples projets, qui mène la barque. Très investit sur la scène parisienne, Palem ne se contente pas d’être le chanteur des remarqués Bree Van DeKamps (fondé sur les cendres du groupe Guinea Pigs). Il a fondé un label (Gone Paris Gone), anime une émission nocturne sur Radio Libertaire (Les Rendez Vous Soniques), publie des chroniques sur le webzine Visual Music, et réalise même des clips avec sa boîte de prod’, ParhelProd. Entre tout ça il trouve même du temps pour son projet solo, So Was The Sun (mais comment fait-il?)…
Le groupe sort donc ces jours-ci un Ep, 5 titres, que le trio compte bien défendre en live (le 4 juin au Rigoletto, le 15 juillet à l’OPA). Ayant déjà eu l’occasion de les voir sur scène (voir billets précédents), je m’étais déjà forgée une petite opinion, je l’avoue, en demi-teinte, sur l’univers de mes collègues parisiens.
A l’écoute de ces cinq titres, je suis agréablement surprise, car le trio s’en sort, dans l’ensemble, plutôt bien. Consolidée, la partie rythmique gagne en puissance (c’était le gros point faible du live), derrière un Palem, voix très en avant, et toutes guitares dehors, enragé et engagé. Sa ferveur et son émotion sont palpables et même si tout cela n’est pas encore placé au bon endroit, au bon moment, on ne peut lui reprocher son envie, son énergie et la tendresse parfois un peu maladroite de ses compos fiévreuses.
Musicalement, So Was The Sun ratisse large et assume pleinement ses influences 90’s (en gros des Pixies à Placebo). Entre noise déglingué et britpop mélodique, So Was The Sun fait le grand écart avec plus ou moins d’habilité. Plein de rage et de maladresse (« Chieftain », « No Defuse »), So Was The Sun s’égare parfois dans le pathos et le lourdingue (« Fuck You Dinosaur ») mais le pari, quand il est réussi, peut aussi s’avérer gagnant (« Beggars », qui ressemble presque à du Shannon Wright), et sur la fin, Palem ose même un duo plutôt attachant avec Rachel Austin, aux influences « Without You I’m Nothing », clairement assumées. Certes, on n’est pas encore au niveau mélodique du trio londonnien maudit, mais l’intention y est…
Vocalement, Palem est manifestement mis en avant par une production soignée (un peu trop, pour du rock à tendance noise) quitte à parfois aseptiser le propos (notamment dans les parties mélodiques, à tendance Thom Yorkienne quelque peu ennuyeuses). Mais quand le chanteur s’enrage, le groupe reprend le dessus, les guitares se distordent, et So Was The Sun tire alors son univers vers un son plus tordu, plus pointu (31Knots, Fugazi). Et c’est dans ce périlleux numéro d’équilibriste, coincé entre deux genres ennemis, que le trio parisien cherche sa place et sa légitimité. Fières de leurs influences indie, Palem et sa bande ne rougissent pas à les marier à une certaine forme de pop lyrique (Radiohead, voir Muse…), mélange détonnant, mais qui ne mérite qu’à être explorer… Un rôle courageux que semble vouloir endosser l’ami Palem, avide d’expérimentations, qui au final laisse, avec So Was The Sun, un Ep pas exempt de défauts mais plein de belles promesses…