C’est l’histoire d’une jolie songwriter Néo-Zélandaise qui après avoir sorti trois albums plutôt charmants (« Cage For A Song » en 2006, « Be All And End All » en 2008 et « While I’m Awake I’m At War » en 2010), décide de s’exiler à Paris, entre idéal romantique et décadence. Visiblement inspirée par la ville lumière et ses belles contradictions, Flip Grater compose ici et là une jolie collection de ballades folk teintées de country, à la mélancolie lascive, qui n’est pas sans rappeler le charme de Gillian Welch ou la candeur de Cat Power.
Partie enregistrer au Studio Pigalle à Paris, Flip Grater a choisi de confier la réalisation de son album à une équipe française qui a plutôt bien cerné le propos (sobriété et élégance de rigueur), et offre un bel écrin à sa voix délicate, entre larmes et chuchotements. Plus sombre et plus urbain, le son de Flip Grater gagne visiblement en maturité. Et même si je la suis un peu moins lorsque qu’elle joue la carte de la modernité (« Exit Sign », assez plat et bien pompé sur Feist), Flip Grater signe tout de même de sacrés morceaux au charme intemporel (les sublimes « The Quit » ballade ténébreuse au possible, « Justin Was A Junkie », « Hymns », le très Nick Cavien « Diggin’ For The Devil », ou la belle comptine « Marry Me » qui n’aurait pas fait tâche sur un album de Gillian Welch).
Rien de très parisien ici finalement, rien de pompeux, rien de poseur. On se sent plutôt paumé sur une route entre les lamentations du Tennessee et la poussière du New Mexico. Entre blues, country, folk et rock décharné, Flip Grater la belle déracinée nous embarque dans un bel exercice de style romantique, charnel et passionné.
Flip Grater « Pigalle », © Vicious Circle 2014