Au début des années 2000, les Yeah Yeah Yeahs nous avaient offerts une belle bouffée d’oxygène punk rock grâce notamment à un album presque parfait (« Fever To Tell »), bonne grosse gifle hystérique et brûlante, qui avait révélé une front Woman ultra charismatique, Karen O, qu’on devinait déjà à l’étroit dans ses atours de punk rockeuse.
Cette fille là avait la classe. Gentiment irrévérencieuse (entre Joan Jett et Courtney Love) mais aussi capable de jolis moments de tendresse (façon Cat Power), Karen O faisait monter la température sur scène et ne laissait presque personne indifférent.
Bon, les albums suivant furent beaucoup moins sauvages (donc moins palpitants) et le groupe ne se remit jamais de son succès fulgurant. Des redites en mid-tempo (« Show Your Bones » en 2006) à l’electro (« It’s Blitz » en 2009), les Yeah Yeah Yeahs taquinaient semble-t-il de plus en plus les radios, mais pas leurs fans de la première heure.
J’avais fini par suivre de loin la carrière de cette Rebel Girl new yorkaise dont les débuts fiévreux ont pourtant laissé une trace indélébile dans ma discothèque idéale. Bref j’espérais que cette fille là revienne un peu à la raison en nous pondant un album digne de ce nom.
Alors voilà que sort aujourd’hui son premier album solo, une collection de « Crush Songs », écrites entre 2006 et 2007, qui ne va décidément pas me réconcilier avec Miss Karen.
Presque dix ans après la fièvre et la fureur, Karen O n’a trouvé rien d’autre à nous offrir qu’une collection paresseuse de vieilles démos. Des morceaux folk, aussi mignons soient-ils, tous inachevés, bancales et dépouillés de tout artifice, enregistrés à l’arrache dans sa chambre à coucher.
Même si on adore la voix tremblante et touchante de Karen O, il ne faut quand même pas abuser les amis et à l’écoute de cet album lo-fi, bâclé, on a tout de même l’impression de s’être bien fait rouler dans la farine.
Le pire, c’est que certaines chansons qui sortent du lot (« NYC Baby », « Body », « So Far », « Day Go By »), auraient vraiment pu s’en tirer avec les éloges si Karen O’ avait daigné les retravailler un peu (voire les terminer !), 57 secondes pour NYC Baby, ça fait quand même court le chef d’oeuvre !
Certes on sent le potentiel sous-jacent de ces morceaux à coeur ouvert, qui se retrouvent du coup un peu orphelin de toute production, de toute attention, d’un peu d’amour de la part de leur auteur.
Car on ne demande pas grand chose au final, un couplet, un refrain. Je ne sais pas moi, c’est quand même la base d’un morceau, un peu plus d’une minute de votre temps d’artiste.
Alors pourquoi cette tentative d’auto-sabottage ? Pourquoi tant de mépris envers les fans ou les pauvres idiots qui achètent encore de la musique ? Quelque chose m’échappe… J’aimerais bien qu’on m’explique. Vous avez peut être une idée ?
Karen O , « Crush Songs », © Cult Records 2014
Oui les Yeah Yeah Yeahs n’ont fait qu’un seul bon album: Fever to Tell. Le EP de 2001 avec Miles Away est super bien aussi.
L’album (solo) Lo-Fi c’est parfois génial mais la ce n’est pas le cas. N’est pas Daniel Johnston ou Danielson Family qui veut!