Je dois bien vous avouer un truc. Ce n’est pas toujours facile de s’auto proclamer rock critic (et de s’assumer). Surtout quand on est soi même « musicienne » (pas le cas de tous les journalistes rock) et qu’on en a vue des vertes et des pas mûres au pays des bisounours du rock parisien (« Welcome to the jungle » comme dirait l’autre…)
Bref, quand on sait un peu ce que c’est que de se prendre des vents, des râteaux, des bides, des bravo, des hourra, des « j’adore ce que vous faites », des « à poil! » et tout le tralala, on a pas forcément envie d’être vache avec son prochain. Enfin, c’est mon cas. Donc, quand je me retrouve devant un groupe, à priori fort sympathique, mais dont la sainte musique ne m’emballe pas vraiment, je me sens d’un coup quelque peu mal à l’aise. Cela m’est arrivé bien plus d’une fois depuis l’ouverture de mon blog. En général, comme je suis une chic fille (sic) je préfère prévenir la personne qui m’a contacté du risque encouru (à savoir une chronique relativement négative). Dans 99% des cas, la personne en question, un peu véxée, c’est normal, préfère retirer sa demande plutôt que de risquer voir circuler une mauvaise critique sur le net. Mais dans certains cas, comme celui des rennais de Golden Age of Monkeys, les musiciens sont bons joueurs et acceptent, bon esprit, la critique dans une optique constructive. La tâche n’en est que plus difficile pour moi…
C’est donc à nouveau d’un groupe de Rennes dont il s’agit (après Cut Kitten Eaters, Electric Pussies, Mess Zero… la scène rock bretonne est décidément bien active): Golden Age of Monkeys, qui sort un 1er Ep intitulé « Many Reasons To Smile ». Visiblement influencé par la scène de Seattle des 90’s (youpi!), le groupe propose donc un rock nerveux qui a, dans l’idée, plein de belles choses à offrir (une bonne énergie, une voix atypique, une section rythmique inventive), mais qui a aussi malheureusement tous les défauts de sa jeunesse.
Dès le premier morceau, « Children », on comprend que le groupe se cherche un peu partout dans les méandres du rock 90’s. ça va des Pixies à Korn, de Nirvana à Sleater Kinney, de Pearl Jam à Greenday, autant dire c’est large. Mais pas forcément dans le bon sens…
Tout au long des 6 titres, on sent que le groupe, qui a clairement envie d’envoyer du lourd, hésite à mettre un pied dans le métal (oulala ces vilains hurlements tout en gorge…), un autre dans le punk, et un autre dans la mélancolie grunge. ça part régulièrement dans tous les sens et ça en oublie souvent de faire des chansons (la base du rock en gros, à moins d’être un génie du progressif, et encore…), ce qui est clairement dommage car la base du groupe n’est pas dénuée de qualité. Le problème c’est que les Golden Age of Monkeys sont plutôt du genre gourmands, et au lieu de faire un bon morceau de 3 minutes, ils choisissent d’en faire un de 5, avec à peu près toutes les idées qu’ils ont pu trouvé autour d’un riff (ce qui rend au final le truc assez indigeste). Quel dommage aussi ce grain de voix androgyne plutôt singulier mais mal assuré et complètement surmixé par rapport au reste du groupe (un peu le problème général du rock en France en même temps). Car bien coachée, cette rebel girl pourrait presque se la jouer façon Corin Tucker, avec ce placement de voix nonchalant et un peu décalé toujours au bord du précipice de la justesse. Mais là aussi, il y a malheureusement encore un peu de boulot… (je ne mentionnerai même pas les vilains choeurs masculins qui ont fait grincer des dents l’humble chanteuse que je suis…)
Bref bien des regrets à l’écoute de « Many Reasons To Smile », mais plein d’espoir aussi. Car le groupe n’existe que depuis un an. Il a donc encore le temps de recentrer son énergie sur l’essentiel: l’identité.
Rendez vous dans un an?