Edith Crash: « Des mots » folk urbain, en français dans le texte.


Le folk français? Voilà encore un sujet bien délicat. Mais plutôt devrais-je préciser, le folk « en » français? Difficile, en effet, pour les groupes d’ici, de ne pas tomber dans la case « chanson » (façon élégante de ne pas dire « variété »), quand on a décidé (courageusement) de s’attaquer à notre langue, si difficile à faire sonner, si difficile à apprivoiser. Effet mode et mondialisation oblige, les groupes français « dits » folk d’aujourd’hui ont carrément lâché l’affaire (Cocoon, Syd Matters…). Décomplexés, ils ont finalement choisi la solution de facilité en baragouinant de jolis textes en anglais…Et ça marche! Depuis tous les groupes « dits » rock ,s’y mettent aussi. On se retrouve donc avec une tripoté de sous Nick Drake, sous Cat Power, sous Damien Rice, à ne plus savoir quoi en faire (je ne parle même pas du désastre du rock « frenchy » tendance, qui se prend perpétuellement pour Franz Ferdinand ou Pete Doherty, l’insolence et les tubes en moins…)

Bon, je ne suis pas particulièrement militante de la cause « en français dans le texte » (ça fait un peu réac’, non?), mais parfois, je ne peux m’empêcher de trouver cela un peu dommage. Peut être que si certains venaient tenter le diable un peu plus souvent, et s’aventurer sur ces terrains glissants, on se retrouverait peut être avec un paysage musical un peu plus varié….

C’est donc tout à l’honneur d’Edith Crash, de proposer « Des Mots » (en français!), 5 titres intrigants et intimes, à la frontière entre le folk urbain et le rock grave et écorché, façon Shannon Wright.
« Des mots » et 5 titres sombres et tremblants qui donnent vraiment envie d’en entendre plus. Edith Crash, fan de Johnny Cash, Tom Waits et Edith Piaf, avec sa voix singulière, profonde et délicate, comme venue d’un autre monde, qui résonne tout au long de ce joli voyage, est un personnage atypique et attachant. Jeune et jolie française exilée à Barcelone, son univers musical riche, varié et aventureux, est nourri de ses contradictions, de ses rencontres et de ses voyages, ce qui donne à ses morceaux une couleur particulièrement attachante. Se moquant des modes, et des frontières, Edith Crash, folkeuse irrévérencieuse, doit aimer, j’en suis sûre, autant le punk des Jam, que la mélancolie jazzy de Nina Simone, le féminisme d’Ani Di Franco ou la sensibilité sublime de Chavela Vargas ou la regrettée Lhasa.

Un peu déglingués (« Casser »), parfois poussifs (« Dans tes mains »), mais toujours sensibles (« Hélène »), les morceaux d’Edith Crash s’écoutent après la tempête, comme la bande son idéale du crépuscule (le très joli « Avant Ce Monde »). Intrigante, elle ose même un morceau en espagnol (« Donde Tengo Que Buscar ») et ça lui va vraiment bien.

Un bel essai, donc, qui introduit un personnage vraiment atypique, qu’on a bien envie de découvrir en live…


Edith Crash \"Avant ce Monde\"

1 Commentaire

  1. Je viens d’écouter sur myspace, j’accroche pas trop, mais bon c’est loin d’être ridicule!

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