ll faut bien reconnaître un fait un important, lorsque l’on s’attaque au sujet des filles dans le rock: les « rebel girls » ne sont pas toujours là où on les attend. Elles ne tiennent pas toujours la place du leader, derrière un micro, à beugler plus fort que les mecs, avec ou sans guitare. Même si le rôle de la chanteuse, front woman, est le plus souvent choisi par les filles qui font du rock, certaines, plus malignes, privilégient une place, certes plus discrète, mais non moins importante: la basse. Un rôle atypique pour une femme, qui va donc très vite se démocratiser dans le petit monde du rock avec plus ou moins de talent. Car même si les vraies bonnes bassistes se comptent sur les doigts d’une main, cet instrument a surtout permis à des personnalités influentes, comme Kim Gordon, de se démarquer, en sortant d’un certain type de cliché.
Tout commence peut être à l’arrivée sur terre des new yorkais de Talking Heads, qui révolutionne littéralement le punk dès 77, en publiant l’album du même nom. Précurseurs du post punk et de la new wave, ils combinent, avec brio, la folie explosive du punk et l’énergie naïve de la pop mélodique la plus élégante, parsemant le tout de touches funk, world et électro. Les Talking Heads avaient donc à leur bord la jolie Tina Weymouth, excellente bassiste au groove funky incroyable et à la bouille irrésistible.
Un peu plus tard, la scène alternative US des années 90 laissent s’exprimer deux vraies riot grrls de la basse, à la fois intègres et influentes, deux Kim impériales qui ont chacune à leur manière, contribué à changer la vision que l’on avait jusqu’alors des femmes bassistes. Tout d’abord Kim Gordon, qui a emmené Sonic Youth et leur noise déglinguée tantôt pop, tantôt expérimentale, au sommet de l’art rock. Groupe culte, hautement influent, à la discographie riche et complexe, Sonic Youth n’a jamais cessé d’encourager, parrainer, voir produire, un nombre important de groupes de la scène indépendante. C’est en effet un peu grâce à Kim Gordon et Sonic Youth que l’on a eu Nirvana, Hole, Breeders, Blonde Redhead, Pavement, Tortoise… (j’en passe et des meilleurs…)
L’autre Kim, c’est bien sûr la géniale Kim Deal qui a réussi l’exploit de faire partie de deux groupes majeurs de la scène rock des années 90. D’abord bassiste des énormes Pixies, puis leader féministe des Breeders, Kim, avec son aura cool, sa voix fragile, touchante, et son jeu de basse punk à souhait, a toujours été un personnage atypique, au charisme chaleureux. Un vrai modèle d’intégrité, la bonne copine idéale, qui n’a pas laissé ses idéaux punk au vestiaire, elle n’a presque jamais cessé de produire des albums impeccables et importants.
Impossible de parler des bassistes sans évoquer la belle D’Arcy qui officia, bien sûr, au sein des Smashing Pumpkins de Billy Corgan. Alors, évidement, son jeu de basse ne restera pas forcément dans les annales, mais il faut bien avouer que Miss D’Arcy avait, sur scène, une classe folle…
Elle fut ensuite remplacée par la sublime Melissa Auf Der Maur, qui prêta aussi sa plastique, et son bon jeu basse, à Hole, pour l’album et la tournée « Celebrity Skin ». La belle canadienne enregistra, par la suite, deux albums solo pas vraiment exceptionnels, mais qui méritent tout de même que l’on y prête une oreille (quelques bons morceaux, co-écrits avec Josh Homme, sur le premier)
En France aussi, on a eu notre bassiste rock, à la fois charmante et rigolote, en la personne de Corinne Marienneau. Téléphone, avant de sombrer dans le rock variétoche pour radio Fm, a tout de même réussi l’exploit de nous pondre, en bons fans des Stones, des méga tubes de rock français, légers, teigneux et bluesy, en témoigne leur excellent premier album sorti en 77.
Je ne vous cite ici que les personnages qui me semblent les plus marquants… Libre à vous d’en rajouter une couche dans les commentaires…
Bref, tout ça pour en arriver à Miss Bassiste Rock 2010, qui n’est autre que la belle Emma Richardson, des excellents Band Of Skulls. (thanks to Yann!) Vous avez sans doute déjà entendu parler de ce trio british, leur côte « hype » ne cessant d’augmenter depuis plus d’un an, difficile de passer à côté…Ils ont sorti un très bon album en 2009, intitulé « Baby Darling Doll Face Honey », qui mélange efficacement le rock sauvage, gras et chevelu de Led Zeppelin, Black Sabbath ou des Stones, et la pop ambiante tendance new wave, façon Brian Eno. Certains morceaux évoquent donc le meilleur des White Stripes, et quand Emma se met à pousser la chansonnette, on pense même au blues noisy des Dead Weather (en moins bordélique). Russel Mardsen, le chanteur/guitariste, couine comme Jack White, et Miss Emma, distante et sexy, évoque souvent la classe idéale de Chrissie Hynde. Le batteur voudrait bien être John Bonham, mais, faute de mieux, frappe bien là où il faut, quand il faut, précis et puissant. Du très bon donc, avec quelques hits en puissance (« I Know What I Am », « Death By Diamonds And Pearls », « Blood »), et de jolies et délicates pop songs, (« Honest », « Fires »). Un très bon groupe donc, qui promet une belle présence scénique à la fois sauvage, gracieuse et sexy. Que demander de plus? (réponse le 22 septembre à la Flèche D’Or)
Thanks pour cet article intéressant !
Niveau nanas bassistes, voir aussi : JJ72, Eiffel depuis 2009, Cornflakes Heroes, et Nehr :)
Est-ce que ça remet en cause l'adage : "les bassistes ne servent à rien dans un groupe" ?
LOL
Maintenant, à quand les "batteuses" dans le rock….
Ecoute The Bree Van De Kamp's pour voir une super batteuse en action :)
Sinon les batteuses… à part dans les groupes 100% féminins, tu as les Carpenters, France Cartigny et euh… plein d'autres !
J'y pense, j'y pense…
En ce moment du côté de chez Yuck il y a aussi une excellente et très jolie bassiste. Au passage Yuck est un putain de bon groupe qui sonne très rock indé 90’s (Teenage Fanclub, Dinosaur Jr, Breeders, My Bloody Valentine, etc…)