Le Festival Les Femmes S’en Mêlent est peut être l’un des seuls festival français entièrement consacré à la scène féminine indépendante à la programmation toujours impeccable. Il permet, depuis pas mal d’années déjà, de faire découvrir des artistes émergentes, incroyables, influentes ou cultes. Bon, je ne vais pas citer toutes les fabuleuses demoiselles du rock ou folk indé que j’ai pu applaudir en live grâce à ce festival (Elysian Fields, Metric, Nina Nastasia …) mais je dois dire que j’ai rarement été déçu par l’une de ces soirées qui a lieu une fois par an , à l’arrivée du printemps.
Je me rend donc presque les yeux fermés, ce soir là, à la Boule Noire, malgré un froid de canard et une crève qui n’en finit pas. Et c’est les amazones parisiennes de Fury Furyz qui ouvrent le bal. Après une entrée fracassante, (les demoiselles, chevauchant quatre chevaliers servant qui les portent, sur leurs fières épaules, sur scène, au son d’un grand classique garage) le ton est donné, et les filles envoient direct la sauce avec un « Pussy Cat Destruction » ravageur. Le set est court, direct, fun et charmant. Les Fury Furyz enchaînent leurs morceaux décalés et efficaces sans trop de répit, tout juste ponctués de coups de téléphone rose un peu trop calculés mais très mignons. A la fois édulcorées et punk, les Fury Furyz ne déçoivent pas, bien au contraire. Emmenées par le charisme d’Ophélie, leur chanteuse un brin déjantée, les quatre miss Fury ne relâchent jamais la pression et exécutent parfaitement leur leçon de garage pop et punk, pour notre plus grand plaisir. Les Fury Furyz sont à la fois folles, classes et charmantes. ça se castagnent, ça crie, ça se jette dans la foule. Manquerait juste un peu plus de patate dans le son (pour le côté punk) pour que le tout soit parfait. Mais c’est quand même bien agréable de débuter la soirée avec un groupe furieux et sexy, qui prend vraiment du plaisir à jouer, à être là et qui ne se prend pas du tout au sérieux.
Juste le temps de respirer un peu et de changer de plateau et c’est au tour du duo italien de Motorama d’entrer en scène. Gros choc de la soirée, les deux brunettes m’ont vraiment impressionné. D’une efficacité redoutable, les Motorama nous ont délivré leurs morceaux punk-garage à la fois minimalistes et puissants, avec beaucoup d’allure et de maîtrise retenue. Evidemment, on pense un peu au White Stripes et à Meg White quand on voit la jolie batteuse frapper comme une furieuse sur ses futs, un grand sourire aux lèvres. Mais une fois de plus, c’est rafraichissant, les filles en veulent et elles assurent, tiennent la baraque fièrement, sans sourciller. C’est classieux, rock ‘n’roll. Même le petit accent italien, c’est tellement charmant dans ce rock là. On ne peut que succomber au charme irrésistible de ce duo démoniaque qui envoie le bois comme il se doit. Mention spéciale à la voix de la chanteuse, terriblement puissante et maitrisée, genre de Pj Harvey garage.
Après cela, il fallait encore pouvoir nous étonner et c’est Margaret Doll Rod qui s’en ait chargé en débarquant, l’air de rien, en bikini d’amazone couleur chair et chocolat, les cheveux dans le dos et les cuissardes à la Pretty Woman. One Women Band blues, Margaret est d’abord et surtout doté d’une d’une superbe voix bluesy un brin écorchée, qui évoque un genre de Patti Smith sexy qui aurait un peu forcé sur la bouteille et les clopes. Originaire de Detroit, elle a mêlé ses compos (pas toujours très construite ou en place, pas facile de tout faire toute seule !) à des reprises de choix (Stooges, Sonics). Malgré quelques problèmes techniques, Margaret a fait le show, et a littéralement envoûté la salle grâce à sa présence magnétique et sexuelle. Tel un Jimi Hendrix au féminin, Margaret, qui maîtrise quand même super bien son instrument, s’accouple avec sa guitare électrique ultra chaude et leur étreinte enfante de drôles de morceaux de garage blues décalés. Le clou du spectacle arrive quand même lorsque qu’elle invite les Motorama a remonté sur scène pour finir le set avec elle. On retrouve alors, avec joie, cette incroyable batteuse à la joie de vivre communicative, et sa copine à la voix démente. La salle s’enflamme. On se dit alors, peut être un peu naïvement, que Margaret mériterait quand même qu’un bon groupe l’accompagne lors de ses tournées, car le résultat de son association avec les deux italiennes fut plus que convaincant.
Excellentes, les Fury Furyzz ! Leur dernier 45t est génial, mais sur scène c'est vraiment immanquable !