Pour ceux qui auraient raté le coche, The Pretty Reckless c’est ce super groupe new yorkais dans lequel officie la (très) jolie actrice Taylor Momsen (de Gossip Girl…). Jusqu’ici on flairait le produit marketing à plein nez avec des titres gonflés à bloc dans le rock US gros sabot et une chanteuse glamour avec juste ce qu’il faut de poses badass. Leurs deux premiers albums (“Light Me Up” en 2010, et “Going To Hell” en 2014) m’avaient pour ainsi dire laissé de marbre et j’avais mis de côté ce groupe trop mainstream pour mes oreilles sensibles (et trop guindées).
Shame on me, me direz-vous, car voici contre toute attente un troisième effort (“Who You Selling For”) carrément surprenant qui vient me réconcilier avec un groupe un peu trop vite catalogué.
Ça commence comme une mauvaise blague avec un instant ballade au piano, puis le groupe, toutes grattes dehors, nous sort un titre sombre et prenant (“Hangman”) très Seattle 90’s, qu’on croirait emprunté à Alice In Chains. Première claque. La voix grave et rocailleuse de Taylor Momsen colle à merveille dans le style bad girl. Les refrains sont hyper catchy. Le tout est certes très produit mais excessivement bien interprété. “Oh My God” accélère le tempo et se rapproche plus d’un riff à la Motorhead, mais avec toujours cette science exacte du refrain irrésistible. Vocalement, Taylor suit les traces de Courtney Love, et on ne va vraiment pas s’en plaindre.
Définitivement à l’aise dans son rôle taillé sur mesure de rock’n’roll star, l’actrice n’a pas froid aux yeux et enchaîne les performances vocalement bluffantes en rendant un hommage sincère à ses influences. Ainsi tout au long de l’album on croise les gimmicks des Stones ou Aerosmith ( le très efficace “Take Me Down”, judicieusement gonflé de choeurs gospel), des morceaux très inspirés blues 70’s (“Prisoner”, “Already Dead”, “Wild City” aux accents soul), des passages roots et groovy à la Alman Brothers Band / Black Crowes (le coolissime “Back To The River” qui invite justement Warren Haynes le temps d’un solo). Pour brouiller définitivement les pistes et faire taire les mauvaises langues (comme moi), Taylor Momsen se lance même dans une petite ballade folk hyper jolie (“Bedroom Window”) piquée au “Norwegian Wood” des Beatles. Sur la fin, The Pretty Reckless se fend aussi d’un titre plus planant (“The Devil’s Back”) clairement inspiré par Pink Floyd période Dark Side Of The Moon.
Et même si par la suite le groupe retombe un peu dans ses travers avec des titres plus creux et moins inspirés (“Who You Selling For”, “Living In The Storm”, “Mad Love”), franchement qui l’aurait cru ? Qui aurait cru ce groupe auparavant trop policé, mené par une jeune femme de seulement 23 ans capable d’autant d’audaces et de grand écarts musicaux ? Varié, groovy, jouissif à souhait, voilà un disque qui fait le job: The Pretty Reckless nous fait passer un bon moment de rock’n’roll. Et on en a bien besoin.
Car il faut bien avouer une chose, ça fait du bien d’entendre un groupe “mainstream” jouer un rock cool et venir emballer les foules. Le rock ne peut pas se contenter du cercle fermé de l’underground. N’en déplaise à certains, on a besoin de groupes comme The Pretty Reckless pour séduire les foules et donner envie aux mômes d’écouter les anciens et les autres, de remonter à la source et découvrir le Saint Graal…
The Pretty Reckless « Who You Selling For » © 2016 Razor & Tie Recordings
En concert le 26 janvier 2017 à Paris au Bataclan.