Central Massif se démarque de la flopée de groupe noise qui fleurissent dans les rues de Rennes par la présence derrière le micro d’une voix féminine étrange et captivante. Genre de PJ Harvey psychotique désespérément amoureuse d’un certain Ian MacKaye, elle jure, crache et rugit au milieu d’un chaos sonique terrifiant, précis et incroyablement maîtrisé. Ici on part à la dérive dans un son déstructuré et puissant, les rênes bien tenues par une session rythmique implacable et hyper créative. Pas de début ni de fin, au milieu d’un vacarme halluciné comme un cauchemar de Carpenter, les guitares sales et bruyantes fuzzent dans tous les sens (« In Danger »), la voix urgente et maladive scande des paroles insensées (« Urgence »), effrayantes et carrément barrées. Parfois en freestyle (« Vintage Year »), Central Massif interpelle d’avantage quand ils rapprochent leur son noise du post punk déglingué (« Miss Feasance » sur lequel Vanina , la chanteuse se la joue Ari Up), voire post rock (le très beau « Human Dance »).
Pas forcément facile à aborder pour les novices du genre, la musique de Central Massif, mystérieuse, cultivée et bien bordélique offre pourtant de belles promesses qui ne laissent pas indifférent. Pour peu qu’on prenne le temps de s’attarder sur leur univers sombre et captivant, « Toxic Noise » se relève diablement entêtant.