Deuxième épisode de ma petite série de l’hiver consacrée à la nouvelle scène féminine californienne. Cette semaine, je vous emmène sous le soleil des plages de Los Angeles, avec la vague des filles rétro. Ici le programme est simple, fun, beach & rock’n’roll. Il n’y a qu’à suivre le sourire espiègle de ces sirènes de L.A restées coincé dans les 60’s. Le concept est simple: beaucoup de surf, un brin de punk, le tout passé à la moulinette pop girls band sixties. Effet rétro garantie, et c’est souvent tellement charmant qu’on peut difficilement résister…
Dans le genre, inutile sans doute de vous présenter les adorables Dum Dum Girls, signées depuis 2010 chez Sub Pop, qui dans la veine de leurs copines new yorkaise Vivian Girls reprennent avec insouciance et un certain sex appeal, tous les bons vieux clichés de la pop rétro:
Dans le genre girls band, on a également fait la connaissance, la même année des charmantes The Like, qui après un premier album gros sabot plutôt calibré pour les radio US, avaient effectué un virage à 90°: relookage complet des morceaux et des filles en version mod 60’s. Au final, malgré l’odeur un peu suspecte de plan marketing, les filles s’en sortaient plutôt bien en dévoilant d’adorables pop songs, légères comme des bulles de champagne, pleines de malice et de charme rétro.
Dans le genre surf music revisité c’est surtout le duo Best Coast qui avait jusqu’ici sorti l’album le plus ensoleillé (« Crazy For You » toujours en 2010, joyeuse collection de pastiche rétro noisy, genre de croisement brillant entre Jesus & Mary Chain et les filles de Phil Spector). La suite s’est plus tard avérée un poil moins excitante, Bethany Cosentino et Bobb Bruno ayant un peu trop assumé leur penchant power pop, finissant presque par sonner aussi platement de Weezer…
Heureusement, la relève semble toujours assurée sur les plages de Venice Beach, où les adolescentes en furie s’évertuent encore à clamer leur amour pour l’idéal 60’s. En témoignent les deux soeurs de Bleached qui avec « Ride Your Heart » prennent le parti d’une pop garage crétine à souhait. Quatre accords et deux minutes trente maximum par morceau, ces deux sales gosses de L.A ont le bon goût de ne pas se prendre au sérieux, en gardant la nonchalance punk des Ramones, l’arrogance des Runaways et la classe des mélodies surf des Beach Boys (« Love Spell », « Searching Through The Past »). Un peu gauches, et souvent irrévérencieuses Jennifer et Jessica Clavin n’ont pas peur des clichés, elles s’y engouffrent même avec une joie toute juvénile assez communicative. En douze morceaux expéditifs, maladroits mais tellement malins, leur petit album ensoleillé met carrément du baume au coeur en ce drôle d’hiver parisien…
Et puisqu’on a besoin de soleil encore et toujours, j’ai découvert pour vous la plus craquante des sirènes de L.A en la (tout jeune) personne de Melissa Brooks. Son groupe de teenagers décolorées coincées entre les 60’s et les 90’s, les bien nommées Aquadolls, sort tout juste un brillant premier album « Stocked On You », tellement fun, tellement sexy et rafraichissant. Avec l’arrogance, l’insouciance, et le sex appeal minimum requis pour le genre, les filles (et leur boy) nous font plonger dans un océan de surf songs ensoleillées hyper catchy (« Dont Mean Jack », « Our Love Will Always Remain ») aux refrains plus accrocheurs les uns que les autres (« Tweaker Kidz ») avec même de vrais moments punk rock (« Cool Cat »). A mi chemin entre le bubble gum rétro de Zooey Deschanel et la hargne de Hole (« Sinus Infection »), ces jolies Aquadolls font le pont entre surf, psychédélisme et grunge, à grand renfort de guitares fuzz et de reverb’, bien aidé par une voix craquante de lolita dévergondée. A ce jour pour moi, la meilleure bande son pop de l’année… Mais chut! C’est un secret encore (trop) bien gardé à L.A…