L’inconvénient de découvrir un bon groupe en live, surtout lorsque celui-ci nous a particulièrement séduit, c’est qu’on attend beaucoup de leur passage en studio. Or, on le sait bien, le rock’n’roll, le vrai, suave, sexy et méchant comme celui des Twin Arrows est taillé pour la scène. Leur son sale, vénéneux, trempé dans l’alcool, la sueur et nourrie au biberon du rock seventies (Doors, Led Zep, Hendrix…) s’apprécie vraiment sous la chaleur des spotlights.
Cependant, dans l’exercice studio les 5 compères parisiens s’en sortent plutôt bien. Variés et cultivés, les 10 titres qui composent leur premier album explorent les méandres du rock’n’roll dans toute sa splendeur et sa décadence. Les Twin Arrows n’ont peur de rien et partent dans tous les sens: du rock 70’s (le tube « Jinx » sur lequel plane le fantôme de Jim Morrison) au blues du bayou (« The Woods ») en passant par une ballade lumineuse (« Hey Day ») sous influence Velvet/Mazzy Star (au passage, meilleur titre de l’album) le groupe voyage et n’hésite pas à partir dans des structures complexes, sur les traces de leurs idoles même si parfois, la filiation est un peu trop flagrante ( « Sleepwalker’s Burn » trop calqué sur les Dead Weather). Malgré tout, leur son reste toujours infiniment séduisant notamment grâce à un duo de guitaristes brillants (dont un excellent soliste) et une chanteuse (Eléonore) sacrément charismatique avec sa voix sexy joliment éraillée, quelque part entre VV et Juliette Lewis, cette fille a un potentiel détonnant qui ne demande qu’à exploser.
Au final le groupe se démarque par sa liberté sauvage et l’ardente sincérité de ses compositions qui témoignent de la dévotion totale des Twin Arrows à la cause Rock’n’Roll. Et même s’il ne condense pas encore à sa juste valeur toute la sensualité et la fureur de ce groupe terriblement attirant, cet album est un joyeux apéritif qui se consomme sans modération.
Prochain concert: le 6 avril à la Boule Noire.