Pj Harvey « Let England Shake »: la fin d’un règne?

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Cela faisait déjà un bout de temps que j’avais lâché l’affaire PJ. Un bout de temps que la petite princesse du rock indé, héritière des grandes figures féminines du rock, m’avait laissé sur le bord de la route. Depuis « Uh Uh Her » en 2004, déjà en demi teinte, « White Chalk » en 2007, religieusement poussiéreux, et le très ennuyeux « A Woman a Man Walked By », en 2009, fruit de sa collaboration avec John Parish, je n’attendais plus grand chose de miss Polly qui semblait, au bout de 20 ans de carrière, avoir fait un peu le tour de son sujet.
On ne peut cependant pas reprocher à Miss Polly, durant toutes ces années, d’avoir toujours osé les expériences les plus diverses avec plus ou moins de réussites. Quand elle s’attaque au trip-hop (à l’époque de gloire des Portishead et autre Massive Attack) en 1998, ça donne le très beau « Is This Desire », album déroutant et hypnotisant qui contient quelques perles rares (« Angeline », « The River »), mais quand elle s’enferme dans sa campagne anglaise en 2007 pour écrire un album de pop poussiéreux (« White Chalk »), poussant la chansonnette, un peu trop haut perchée, comme une effrayante nonne rigoriste et frustrée, je l’avoue, j’adhère moins.

Alors à l’écoute de son dernier opus « Let England Shake », enregistré dans une vieille église anglaise, je ne peux m’empêcher d’être terriblement déçue. Cet album, aux sonorités étranges, complexes et dérangeantes, mais fondamentalement très ennuyeux, confirme bien la fin du règne de la reine du Dorset. Car Polly Jean, dans sa quête permanente d’expérimentations, qui certes, semble lui donner l’illusion de ne pas tourner en rond, a oublié l’essentiel: les chansons. On aimait chez PJ, son incroyable sens de la mélodie, de la ballade pop facile mais tortueuse. Une façon vraiment belle de se débrouiller avec les moyens du bord, de ne pas en rajouter, de jouer avec l’essentiel. Ses émotions. Sans chichi, sans fracas, PJ nous pondait des merveilles de rock abrasifs, féministes et écorché vif, à l’image de ses grandes soeurs Patti Smith et Janis . Et ça faisait du bien.

Hélas, la ténébreuse semble s’être un peu perdue en route, cherchant sans cesse de nouvelles routes tortueuses à explorer. Pas grand chose à retenir sur « Let England Shake », on y retrouve du PJ, pas au meilleur de sa forme. Du PJ sans le rock, sans l’énergie, sans la passion, sans le sang, les larmes et la fièvre qui lui collent d’habitude au corps. Polly se transforme ici en une sorte de prêtresse folk bidouille qui plait bien au bobos (la presse semble étrangement unanime sur cet album…). Ici, plus de mélodies, plus de mélodrames, Polly semble avoir oublié la leçon de ses potes les Beatles, et propose des morceaux ennuyeux, pompeux, et sans âme. Qu’a-t-elle essayé de faire? Je n’en sais rien. Un album concept sur l’histoire de l’Angleterre, ses contradictions, ses conflits? Vaste programme pour une petite chanteuse de rock, plus habituée à parler de ses conflits intérieurs…

Non vraiment, pas grand chose à sauver de cet album, où Polly chante comme Kate Bush, aussi barbante que Joana Newsom ou Cocorosie. Pas grand chose qui me fasse vibrer dans ce tas d’arrangements prétentieux, poussifs et totalement inutiles, à part cette jolie ballade toute simple, toute fraîche »The Last Living Rose ». Non vraiment, ce n’est pas cette Angleterre là qui me fait rêver. Ce n’est pas cette église poussiéreuse, moyenâgeuse et cet esprit religieusement respectueux d’un passé royal. Non , tout ça à vrai dire, me donne plutôt la nausée (plutôt une constante ces temps ci…). Si ça ne me dérange pas vraiment de voir cette bonne vieille Courtney Love s’embourber dans des arrangements californiens de mauvais goût (à vrai dire, vu le phénomène, on s’y attend, ça fait parti du folklore, c’est plutôt marrant) ça me déroute un peu plus de voir une fille aussi futée et sincère que Polly Jean retourner sa veste à la face du rock, et se prendre les pieds dans une musique aussi traditionaliste, prétentieuse, et rasoir. Alors oui, c’est sur, les bobos vont adorer. Mais si les bobos faisaient du rock, ça se saurait?

3 Commentaires

  1. Si j’ai bien compris, il n’y a que la pochette qui est réussie avec cet album!

  2. c’est un peu ça oui!!!!

  3. faut se faire une raison,les gars,le meilleur album de Polly c’est celui des Peel Sessions !

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