C’est son Sex Pistols de beau père, Johnny « Rotten » Lydon, himself, qui a annoncé sur son site, la bien triste nouvelle. Ari Up, l’égérie punk des cultissimes Slits nous a quitté, à l’âge de 48 ans, des suites d’un cancer.
Ari, de son vrai nom Ariane Daniele Forster, avait baigné dès son plus jeune âge dans le milieu de la musique. Sa mère, Nora fut la petite copine d’Hendrix, de Chris Spedding, puis épousa John Lydon (et le parrain de d’Ari n’était autre que Jon Anderson de Yes). Un beau back ground, qui n’a pourtant pas forcément toujours rendu service aux Slits, premier groupe de punk féminin, que forma la petite Ariane en 1976, alors qu’elle n’avait que 14 ans.
Avec Palmolive derrière les futs, Kate Korus (puis Viv Albertine) à la guitare, Suzy Gutsy (puis Tessa Pollitt) à la basse, et bien sûr Ari Up au micro, les filles, du haut de leur 15 ans, ont tout dégommé sur leur passage, faisant passer leurs collègues punk masculins, pour un groupe de bal musette. Sauvages, irrévérencieuses, les Slits ont marqué à jamais le punk anglais de leur empreinte féministes, proposant des textes rageurs et engagés qui dénoncent les carcans machistes et incitent à la rébellion. Inventives, déjantées, Ari Up et ses copines marièrent avec brio et insolence leur amour pour la scène reggae dub et la violence brut du punk rock londonien, laissant derrière elle trois albums, dont le classique de 79, « Cut » (inoubliable pochette sur laquelle les filles, posent telles de fières amazones, les seins nus, couvertes de boue). Franchement qui serait capable de faire ça aujourd’hui?
Voilà, c’était tellement novateur, en avance sur son temps et inattendu, qu’on a appelé cela du post punk (en 79, sic…). Mais malgré leur tournée en ouverture des Clash ou des Buzzcocks, les filles, un peu trop rebelles pour le grand public ne rencontreront pas le succès planétaire de leurs grands frères, mais demeureront une référence dans le mouvement underground et pour toutes les riot grrrl en puissance. Fauchées et déprimées, les Slits ont splité en 82. Ari a quitté Londres et est parti vivre avec mari et enfant en Indonesie, puis en Jamaique, continuant sa carrière musicale avec les New Age Steppers, puis en solo, sans vraiment de succès. En 2006, Ari reforma les Slits avec Tessa Pollitt et de nouvelles recrues pour une tournée à travers le monde, à la recherche sans doute, d’un peu de reconnaissance publique.
Mal aimées mais cultissimes, les Slits, avec leur punk novateur, tribal et distordu, ont influencé un nombre incalculables de groupes et sont responsables, à elle seules de toute la vague riot grrl qui éclata dans les années 90 du côté d’Olympia. Bikini Kill, Le Tigre, Bratmobile, Babes In Toyland, Hole… toutes revendiquent l’importance de « Cut » et du message féministe et sauvage des Slits. Même au delà du punk féminin, l’influence de ces incroyables rebel girls est considérable: Bjork, Nirvana, Young Marble Giants, CSS, Missy Elliot… J’en passe et des meilleurs.
Respect Miss Ari.
un peu de nostalgie avec le « tube » des Slits, « Typical Girls »: