Ce vendredi soir, au Nouveau Casino, c’était soirée « Custom », rendez vous mensuel de découvertes indé, organisé par les nobles Inrocks. Autant dire, ça sent la hype à plein nez…. Etant invitée pour découvrir, en live, le joyeux quatuor féminin rétro The Like,(qui passera en dernier), je suis pourtant fair play, j’arrive à l’heure, prête à me mêler à la branchitude parisienne.
On entre donc sur la pointe des pieds, au son du violoncelle du jeune américain francophile, Zach Miskin, accompagné d’un guitariste classique et d’une jolie « sampleuse » qui de déhanche derrière son Mac Book Pro. Ambiance orchestre de chambre, personne dans le public n’ose bouger, ni parler, ni respirer. Sur scène, chacun suit sagement sa partition. C’est joli, poli. très ennuyeux. Bon sang, qu’est-ce que je fais là? Comment diable, les Inrocks, peuvent-ils encore oser avoir le mot rock dans leur titre? La musique de Zach Miskin se veut « arty », expérimentale, précieuse… Et bien, je dois être sacrément insensible, mais je n’ai pu m’empêcher de bailler (et plus d’une fois) à l’écoute de ce set bourgeois, faussement moderne, qui tente désespérément, sous couvert d’une étiquette « indie folk » (Alice Lewis, vient siffloter sur deux morceaux), de nous faire passer la couleuvre d’une abominable musique de chambre à papa.
Changement rapide de plateau et le public se presse pour applaudir Yoav, seul sur scène, qui maîtrise à la perfection l’art du jamman. Ayant fait récemment l’acquisition de cette petite pédale maléfique (en gros c’est un sampler qui enregistre des boucles), je sais à quel point ce petit engin demande une technique irréprochable et un entrainement rigoureux. Pas facile donc, et sur scène, le songwriteur se voit confronter à quelques problèmes techniques. Malgré cela, le bonhomme gère. Jolie voix, guitares inventives, belle sensibilité, bref, gros potentiel que Yoav met au service…de morceaux folk bidouille-electro-dancefloor!!! Non mais que se passe-t-il donc ce soir? Désolée les amis, mais perso, je suis plus fan d’Elliot Smith que des Neptunes (et oui, je suis une fille old school), donc tout ce cirque me déçoit quelque peu. Bien sûr, le public est à fond et se dandinne au son des beats inventifs de ce songwriteur, diront-ils, audacieux, mais chez moi, ça ne le fait pas. Mr Yoav perd, d’un seul coup, tout son charme, et je n’ai envie alors que d’une seule chose: me barrer.
Heureusement, comme souvent, le girl power vient à ma rescousse, et on a enfin, du son, du vrai, avec des guitares, des vraies, un ampli VoxAC30 qui crache et une batterie qui déboite, dès l’entrée en scène des délicieuses The Like. Voilà, les Shangri Las réincarnées, avec l’esprit pop bubllegum de Blondie, dans la peau de ces 4 jeunes filles sexy et délurées, originaires de Los Angeles. Malignes, rigolotes et décalées, les filles nous emmènent dans un joyeux trip rétro, en plein coeur des sixties et du Swinging London, avec dans leur bagage, une bonne poignée de tubes pop sucrés (« He’s Not A Boy », « Wishing He was Dead », « Catch Me If You Can », « Release Me »). Pas de ballades, pas de mièvreries, ici, on est là pour danser (le twist), avec le sourire, et laisser un peu de côté la morosité de notre époque quelque peu déprimante. Des choeurs enchanteurs, un orgue (Annie) ludique et déluré, une batteuse enjouée (Tennessee) plus sexy que Meg White, une bassiste (Laena), groovie, sosie de Pj Harvey, et surtout une sacrée leadeuse, (Elizabeth), chanteuse-guitariste, voix de jeune Debbie Harry délicieusement éraillée, allure d’Edie Sedgwick en bonne santé, qui fait le show et tient fièrement la baraque.
Voilà, ça fait plaisir, c’est frais, léger, fun, sexy en diable, ça ne mange pas de pain. Et qu’importe si on dit ces filles là « pistonnées », que Liz soit la fille du producteur Tony Berg,(des filles ensemble,qui font de la bonne musique, dans ce beau monde machiste, c’est toujours suspect…). Je ne boude pas mon plaisir à l’écoute de ces morceaux entêtants, très bien ficelés, (manque un peu d’éclate instrumentale, mais qu’importe, l’esprit pop est là). Un plaisir tellement court que le public en redemande (même si une partie « branchée » de la salle a désertée après le set de Yoav…honte à eux), et on est repartie en 1967, avec une super reprise garage du ‘Let’s Spend The Night Together » des Stones. La classe les filles.
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Photos: Stéphane Dalle (galerie complète dans la section « pictures »)
Cool les photos!!