Un doux vent de rock’n’roll soufflerait-il insidieusement sur la ville de Rennes? La jolie capitale de la Bretagne pourrait-elle bientôt devenir notre Seattle à nous? Après le bon rock indus salement grunge des Cute Kitten Eaters, c’est au tour de de la noise expérimentale d’Electric Pussies, de venir squatter ma platine. Mais la comparaison s’arrête là, même si le trio de riot grrl rennais partage quelques bonnes influences de la scène culte 90’s (Babes In Toyland, Sonic Youth, entre autres) avec leurs compatriotes au patronyme félin, leurs univers sont tout de même assez éloignés.
Ici, on fait dans l’expérimental, l’improvisation, l’exploration des sons en tous genres. Libérés des codes ou des contraintes de la pop, Nush, Chaleur et woOtzee s’en donnent à coeur joie sur les huit titres noisy et expérimentaux qui composent leur premier Ep « Juste Manger ». Tour à tour délirant (« Délivrance »), irritant ( « Oyev Oru ») ou poignant (« You Say You »), les trois filles, armées d’une basse bien grungy, d’un synthé déglingué et d’une voix affolée, s’amusent à improviser des rythmiques dérangeantes, jouant avec des arrangements décalés, aidées par des instruments assez atypiques dans le rock (mandoline électrique, clarinette et objets en tous genre), ce qui confère à ces Electric Pussies, un son totalement inédit et plutôt intéressant. A l’instar des élucubrations de Frank Zappa, Captain Beefheart ou Can, les Electric Pussies ne font pas dans la dentelle. Ces filles là ne sont pas là pour flatter vos oreilles ou pour faire danser vos soirées pop. Leurs morceaux sont arides, secs, violents, parfois dérangeants voir insupportables. Pas le genre d’album à mettre en fond sonore d’un diner chic. Mais justement. En ces temps modernes, pâles, lisses, et décérébrés, on a vraiment besoin de groupes originaux et aventureux, qui nous emmènent ailleurs, plus loin, là où ça fait mal. Quand les repères rassurants de la pop classique s’éloignent, et laissent la place à un voyage sonore intriguant et inédit.
Les trois Pussies n’ont pas froid aux yeux. Le disque, qui tourne autour des folies décalées de la bassiste, s’ouvre en instrumental avec « Over You », dissonant, étonnant et hypnotique. La voix se pose ensuite, barrée et inquiétante. Puis de drôles de percussions viennent présenter « Oyev Oru », morceau à l’ouest, dérangeant, un peu irritant. Une cloche funèbre ouvre ensuite « You Say You », meilleur titre de l’Ep, plus construit, plus envoûtant. Sons de clarinette lugubre, chuchotements sensuels et désespérés. Puis le free style reprend de plus belle sur « Frout Frout », difficile à cerner, et « Division J. », bizarroïde hommage au groupe de Ian Curtis qui fait un peu mal à la tête. A ce moment là , je me sens bernée, j’ai l’impression que les filles m’ont un peu arnaqué avec leur beau packaging » free noise ». En effet, dans ce style, la frontière entre un pur délire inaudible et un morceau intéressant, parce qu’il explore des registres inattendus, est mince. Heureusement, les Pussies reprennent la main sur « Just Wanna Eat », plus nerveux et délirant. Un petit côté Pj Harvey et des sons effroyables qui fusent dans tous les sens. Puis le délirant « Délivrance » et le final, « Zombie Panda », explore un peu plus leur fibre cinématographique dans un joyeux bordel haut en couleur.
Malgré quelques bémols, l’univers des Electric Pussies est complexe et captivant, si l’on veut bien se laisser embarquer par cette free noise sensuelle, au délire cinématographique, et laisser nos habitudes au vestiaire. En live, j’imagine que la vision de ces trois personnages atypiques et déjantés doit valoir le détour…En tout cas, dépaysement garantie à bord de « Juste Manger ».
Thanks, Clara!Keep in touch!Bises de Rennes….
Merci, j’ai beaucoup aim� lire votre article !