Direction Belleville, à La Java, ce vendredi soir, pour la soirée Industrial Shock, organisée par l’excellente association Track’n Art, qui se bat pour le métissage culturel de toutes les disciplines. Soirée Indus donc, qui débute avec les très obscures Kamera Obscura. Malgré d’intéressantes images un brin malsaines, diffusées tout au long du set, en fond de scène, et une volonté de proposer un rock indus/gothique profond et incantatoire, la sauce ne prend pas. les Kamera Obscura ne sont pas tout à fait en place, pas tout à fait présent, pas tout à fait investit. La chanteuse manque cruellement de charisme malgré de beaux efforts de scander des prières gothiques à la Siouxie. On y croit malheureusement pas, surtout quand les membres du groupe, qui veulent à tous prix nous proposer un univers dérangeant, ne font que présenter gentiment les morceaux sur un ton de bal musette. Et oui, dans ce genre d’univers, pas le droit à l’erreur. Mieux vaut y aller à fond pour ne pas friser le ridicule… Dommage car les intentions sont là. Heureusement pour eux, les Kamera Obsucura semblent avoir beaucoup d’amis au vu du public venu en nombre les soutenir ce soir là. (ou bien suis-je resté insensible à leur univers?) Bon, je vais encore me faire insulter les amis…(cf mon live report de Sassy sur ce blog)
Après ces moments trop obscures, les Native Nothing (découvert via myspace) investissent la scène pour ne plus la quitter. Le contraste est saisissant. Les cinq musiciens sont présents, entiers, rageurs. Cette scène est leur territoire et ils sont là pour nous le prouver. Gare à quiconque n’oserait le croire. Doté d’une petite chanteuse mimi comme un coeur, au charisme incroyable, look nonchalant un peu british, à la Beth Orton, la miss m’a laissé sur le carreau. Autant capable d’excellent flow hip-hop, que d’accès de rage punk, elle fait le grand écart entre une Pj Harvey période « Is This Desire »(pour le côté trip hop), la mélancolie lascive de Beth Gibbons, la rage desespéré de Trent Reznor, le groove de Zach de la Rocha, et la punk attitude de Karen O. Tout ça réuni dans un petit bout de femme incroyable à la pêche détonnante. Et les autres membres du groupe ne sont pas en reste. Tony (chant/guitare) râle comme un Billy Corgan de la belle époque, équilibrant très élégamment les accès de fureurs d’Audrey Horne (référence à Twin Peaks ?). Une belle complémentarité du chant qui rappelle parfois certains éléments de la scène hardcore.
La session rythmique avoine sans merci, servant d’écrin aux morceaux indus/ électro tout en nuance du groupe. On est là. On y croit. On est avec eux. On a envie de crier. De danser. De pleurer. Les guitares sont à la fois délicates et inquiétantes (Tom, excellent soliste, sait faire pleurer ses guitares comme personne) et les machines s’intègrent parfaitement à l’énergie pur et rock’n roll du groupe. On pense à Nine Inch Nails, à Tricky, à Portishead, à Ministry, à Tool, sans jamais regretter de ne pas avoir les originaux en face de nous. Native Nothing a en effet bien digéré ses influences pour nous offrir (c’est le mot, tant ils font preuve d’une générosité rare sur scène) des morceaux complexes et cultivés, empreint de rage et de mélancolie desespérée.
A la fin du concert, ils osent même une reprise tout en nuance du maître du genre (Nine Inch Nails, of course), l’emblématique « Closer », qui se révèle être une bonne surprise, et permet à la salle de s’enflammer et de prendre l’énergie inépuisable du groupe, qui ne la quittera plus jusqu’à la fin du set et du beau rappel. En définitive, une bien belle découverte que je vous invite vraiment à découvrir à votre tour pour vous en mettre plein la vue et les oreilles (prochains concerts sur Paris: le 20 mai au Klub, et le 29 mai au Disquaire).
Excellent concert en effet !
Les NAtive Nothing on un bel avenir devant eux c'est clair
Et merci à TrackN'Art de faire jouer des groupes comme eux !
bonjour, je suis bassiste de kamera obscura, nous prenons en compte vos remarques et travaillons d'arrache pied pour présenter un set cohérent. N'oubliez pas qu'il y a + de 2 ans de préparation avant de venir sur scène pour jouer, qu'il y a beaucoup d'investissements financiers et de temps pour projeter tout notre univers. En tous cas pour nous ce fut une super soirée, et nous avons fait de belles connaissances, dommage que vous ne soyez pas venu discuter avec nous.
A la demande du groupe Kamera Obscura, j’ai effacé la quinzaine de commentaires qui ont suivi cet article et qui ont pu porté préjudice au groupe.
Clara Dalle