Déjà je recois un bel objet. C’est si rare de nos jours, qu’il me paraît tout de même important de le souligner. Car on aura beau dire ce qu’on voudra, rien ne remplace le plaisir de découvrir une jolie pochette au graphisme soigné, de tenir entre ses mains un disque, un vrai, qui s’écoute, qui se découvre, qui se laisse apprivoiser. On aura beau dire ce qu’on voudra, tous les Soundcloud, tous les Spotify, tous les Deezer et autre ITunes de la terre ne remplaceront jamais ce sentiment là.
C’est un bel objet donc, un disque qui représente Rivkah et son double en poupée, assortie à son écrin aux colories enfantines, le tout cousu avec attention. Rebeka Hasson alias Rivkah a fêté l’année dernière ses dix ans de carrière. Ce très joli album célèbre également ses quarante ans et s’avère être son enregistrement le plus abouti à ce jour.
A la fois mélancolique (“A Life Inside”, “13”) et plein d’humour (“Adoptable”, qui aborde avec le sourire les difficultés rencontrées à pouvoir adopter un enfant), il évoque les blessures, les peines, les joies, les espérances de Rivkah qui plane de sa voix cristalline au dessus des orchestrations riches et très élégantes. On y croise des influences jazzy, folk, ou pop bien assumée (“No Lyrics”, “Rewind”). Si le travail sur les voix reste prédominant, avec de belles tenues, un joli vibrato et des envolées aériennes qui ont vraiment gagné en intensité, Rivkah se permet également d’inviter un saxophone mélancolique (notamment sur “Madeleine Riffaud” très joli hommage à la poétesse), un violon, une trompette, de la flûte, des claviers… Une orchestration riche et délicate qui apporte beaucoup de corps et de charme aux atours vocaux de Rivkah.
Avec cette voix haut perchée et cette façon si spirituelle de s’envoler vers des sphères lointaines, Rivkah, plus confiante, plus assumée, semble parvenue avec bonheur à une certaine plénitude artistique. Toujours avec beaucoup d’humilité et de grâce, elle évoque parfois les meilleurs moments de Yaël Naïm ou même la grande Joni Mitchell (notamment sur le très touchant “A Life Inside” qui évoque la perte de ses bébés). Sans jamais tomber dans le pathos, Rivkah retombe toujours sur ses deux pieds, en mêlant tristesse et joie, ne se laissant jamais emporter par la morosité ambiante. Ses Birthdayz sont donc à la fois pleins de mélancolie et pourtant remplis d’espoir. Le regard tourné vers l’avenir, Rivkah continue sa jolie route artistique avec des idées plein la tête, les bleus à l’âme mais le coeur brûlant.
Rivkah fêtera la sortie de ses clips, le 7 décembre prochain à l’Espace Jemmapes à Paris.
Rivkah, « Birthdayz » © Noko, 2016