Je vous ai déjà parlé de Natalia Doco, cette jeune artiste argentine exilée à Paris qui m’avait bien bluffé avant l’été avec la découverte de trois titres charmants et ensorcelants. J’étais donc pleine d’espoir et très impatiente d’écouter son album, “El Buen Gualicho” sorti le 22 septembre dernier.
Autant vous le dire tout de suite, dès la première écoute, j’étais un peu déçue. Si l’album s’ouvre sur belle et joyeuse invitation à la danse (“Al Que Madruga”), il tombe ensuite dans le piège d’une pop jolie, polie, parfaitement exécutée mais malheureusement un peu mièvre. La faute au choix des textes en français (“Le Temps Qu’il Faudra”, “Le Jeu”, “Il ne m’aime pas”, “Mademoiselle”), pas du tout à la hauteur de l’âme habitée, sensuelle et mélancolique de Natalia Doco. En français, la belle argentine sonne comme Olivia Ruiz (certes pas la pire dans le genre en France, mais définitivement pas ma tasse de thé), et perd du coup beaucoup de son charme singulier. Les morceaux en français restent gentiment à la surface, sans se salir les pieds ni les mains, loin derrière la nostalgie radieuse de son interprète. Ils ne semblent pas vraiment lui appartenir ou seulement de très loin.
A contrario, les morceaux en espagnol (sa langue natale) brillent d’une mélancolie douce et lumineuse et s’écoutent comme une caresse un soir d’été. Tour à tour joyeux (“Remolino”, “El Buen Gualicho”) ou plein de larmes (le très beau « Jardin« ), ils évoquent un voyage spirituel ancré dans la terre rouge d’Amérique du Sud. Du désert aride à la forêt mystérieuse, la belle Natalia se balade en espagnol à travers des images poétiques, pleines de charme et de tendresse empreintes d’une pointe de mélancolie. Un voyage qui s’achève sur une parfaite incantation (“La Ultima Cancion”).
Au niveau du son, Axel Krygier, figure de la scène indépendante argentine, offre à Natalia Doco un écrin de soie, riche et d’une élégance raffinée. Les instruments traditionnels sud américains côtoient les fondamentaux du folk et de la pop moderne, pour donner une couleur sensible, vibrante et singulière aux compositions de la jeune artiste.
Quel dommage alors d’imposer des textes en français trop polis, trop gentils pour être honnête. Quel dommage que Natalia Doco se soit laissée happer par la mièvrerie ambiante de la pop française, s’éloignant ainsi de l’essence même de son charme (sa profondeur, sa douce mélancolie…). Mais les titres en espagnol annonce un chemin passionnant, peuplé de rêve, de mystère et empreint d’une profonde joie de vivre. J’espère vraiment que la radieuse Natalia continuera sa belle route sur ce chemin là…
Natalia Doco « El Buen Gualicho » © Casa Del Arbol / Differ-Ant 2017
Prochains concerts :
– Le 18 Novembre à Paris (Café de la Danse)
– Le 22 Novembre à Toulouse (Le Metronum)