Bluffée par leur premier Ep « It’s A Wonderful Place To Be (Over)« , sorti cet automne, je suis partie à la rencontre des toulousains d’After Marianne afin d’en savoir plus sur leur univers singulier, entre dream pop planante et post rock mélancolique. Mathilda, la voix et l’âme mystérieuse du quatuor a eu la gentillesse de répondre à mes questions…
– Comment vous-êtes vous rencontré ? Vous vous connaissiez déjà avant de monter le projet ensemble ?
Mathilda : Je faisais des études de cinéma à Clermont-Ferrand et avais déjà commencé à monter le projet After Marianne avec d’autres personnes mais le rendu n’était pas très satisfaisant. J’ai ensuite rencontré Augustin à qui j’ai fait écouter les maquettes, de Marianne à l’époque. Il a été touché par le projet et a tout de suite compris où j’aurais aimé l’amener musicalement et m’a proposé son aide. Par la suite, nous avons demandé à Théo & Léo s’ils étaient partants pour se joindre à nous, et After Marianne actuel est né.
– D’où vient le nom du groupe ?
Mathilda : Alors d’abord aucun rapport avec l’idée de vouloir une VI ème République (rires). Je le précise car on nous pose souvent la question. En réalité, ce sont juste deux titres de chansons qui me plaisaient et me parlaient beaucoup il y a donc quelques années déjà. Ces chansons sont « After the Storm » de Mumford and Sons & « Marianne’s son » des deux soeurs suédoises First Aid Kit. Puis il se trouvait que les deux titres juxtaposés formaient quelque chose que je trouvais joli et intéressant dans la recherche de l’après. C’était chouette aussi d’avoir ce prénom féminin qui n’est pas le mien et qui a aidé à créer une histoire pour ce premier EP.
– Comment se passe la composition des morceaux dans le groupe ?
Mathilda : Il n’y a pas de schéma vraiment précis, ni quelque chose d’automatique. En général, j’amène aux gars une base de piano/voix/texte que l’on retravaille ensuite tous ensemble. J’ai vraiment une immense chance de les avoir avec moi, car ils ont tous une approche très spécifique de leur instrument au-delà d’être d’excellents musiciens. Ils rendent l’assez « banal », beau très vite.
– Quels sont les thèmes que tu abordes plus particulièrement dans tes textes ?
Mathilda : Pour les textes de cet EP « It’s a Wonderful Place to Be (Over) », nous l’avons construit comme une histoire. Un dernier échange épistolaire chanté par deux vieux amants sur le point de disparaître et retraçant les choses importantes d’une vie passée ensemble. L’ordre des chansons est hyper important, ma voix est une fois celle de l’homme, une fois celle de Marianne, jusqu’à la toute fin de Space. C’est un peu schizophrène dit comme ça, mais finalement nous avons eu une approche sûrement bien plus cinématographique, dans la construction de ce disque, que musicale.
– Comment travaillez-vous le son, les ambiances qui prennent une place prépondérante dans la musique atmosphérique d’After Marianne ?
Mathlida : c’est un travail d’équipe des garçons surtout. À base d’heures innombrables passées à fouiller le son dans toutes ses formes, ce sont des vrais geeks de pédales d’effets tout ça, pour mon plus grand bonheur. C’est vrai qu’ils donnent clairement le côté atmosphérique à ce projet, la réverb’ comme amour commun.
– Comment s’est passé l’enregistrement de l’Ep ?
Mathilda: Nous avons encore une fois eu de la chance d’être vraiment bien entourés par des amoureux de la musique qui ont fait preuve d’extrême bienveillance envers After Marianne. D’abord, nous avons enregistré l’EP au Studio de l’imprimerie à Toulouse avec Serge Faubert qui n’est autre que le papa de Léo, notre batteur. C’est quelqu’un de très patient, passionné et qui est de bons conseils. Puis, nous avons fait le mastering au génial Globe Audio Mastering à Bordeaux avec Alexis Bardinet. Il travaille régulièrement avec Serge, c’était une super rencontre et quelqu’un de fort intéressant.
– Quelles sont vos influences ? J’entend du Cocteau Twins, du Mazzy Star, du Mogwai, du Sigur Ros, du Tortoise dans votre son… Est-ce que se sont des groupes qui vont ont inspirés ?
Mathilda : Haha, c’est marrant car on nous dit vraiment souvent qu’il y a quelque chose de Cocteau Twins dans notre musique mais nous n’avons jamais écouté ce groupe… Du coup dans ce que tu cites, un oui intergalactique pour Sigur Ròs qui sont tellement fascinants et source d’inspiration infini. Sinon musicalement, nous sommes de grands fans du groupe anglais Daughter qui selon moi est une des meilleures parolières femme de ce siècle. Mais en réalité nous écoutons vraiment beaucoup de choses. Ça peut passer de Son Lux, Anthony and the Johnsons, Bon Iver, Kendrick Lamar, James Blake, Sufjan Stevens à Barbara.. On s’inspire sûrement de ce qui nous touche et du coup ça ne passe absolument pas que par la musique. Nous sommes tous les 4 assez cinéphiles et par exemple la chanson « Marianne » a été écrite après avoir vu le film « AMOUR « de Michael Haneke. Cinéma, Théâtre, Danse, Peinture, Littérature.. on se nourrit du plus de choses possibles!
– Vous avez invité Julien Doré en featuring sur un morceau, peux-tu me parler de cette rencontre ?
Mathilda : Nous composions « Love is Just a Game » au piano chez nous avec Augustin et je n’arrivais vraiment pas à chanter sur le second couplet, j’entendais et voulais une voix masculine qui me répondrait, et qui donnerait sens à l’histoire que l’on tente de raconter dans cet EP. J’écoute le travail de Julien depuis vraiment longtemps et y suis assez attentive. De plus en plus en fait, au fil de ses albums. J’aime sa poésie et sa voix grave dans tous les sens du terme et à la fois parfois le côté absurde qu’il donne à tout ça. Bon clairement, avoir l’idée était un bon début mais je me suis gentiment fait remettre les pieds sur terre par mes trois camarades. Ils n’avaient pas tort ceci dit, c’était quand même un peu inespéré. Je lui ai écrit sans les prévenir en lui envoyant Marianne qui était la seule trace que nous avions sur Internet, et en lui demandant très clairement si ça lui disait de faire un featuring. Je me souviens que j’ai hésité bien 20 minutes avant d’appuyer sur envoyer (rires). Puis il nous a répondu, a accepté et tout s’est enchaîné assez rapidement. C’est quelqu’un de vraiment généreux et bienveillant, on est très fiers de ce titre et l’aimons beaucoup.
– L’Ep obtient de belles retombées, vous faites pas mal de concerts, vous êtes heureux de cet accueil ?
Mathlida : Oui, très ! On sait bien qu’on ne fait pas la musique que la radio diffuse, que c’est lent et mélancolique. Mais nous avons eu par les gens qui ont bien voulu tendre l’oreille sur notre travail de vraies belle retombées, des mots extrêmement touchants, et ça réchauffe le coeur.
– La scène toulousaine est assez active, il y a pas mal de bons groupes qui émergent là bas… Y-a-t-il des groupes que vous suivez (ou aimez) plus particulièrement ?
Mathilda : C’est vrai. Il y a autour de Kid Wise, plein de projets complètement différents et très forts musicalement. Je pense à Gravity et à Bruit. Tu devrais d’ailleurs écouter Bruit, tu risques de beaucoup aimer. C’est du très bon post-rock mélodique et bien puissant. Il y a Théo notre guitariste dedans ainsi que Clément le violoniste de Kid Wise. En live c’est assez incroyable.