Voici la nouvelle pépite du label Matador. A tout juste 21 ans, Lucy Dacus débarque de sa Virginie natale armée de beaux morceaux indie rock, prête à conquérir la planète rock endormie avec dans son sac à dos, “No Borden”, un album enregistré en une journée à Nashville.
Avec une nonchalance craquante qui n’est pas sans rappeler Courtney Barnett (“I Don’t Wanna Be Funny Anymore”), la jeune songwriteuse offre une jolie collection de morceaux raffinés et délicats gorgés de guitares électrisantes, et portée par une voix à la tendresse désabusée. Bien évidemment Lucy suit avec ferveur les pas de velours de Chan Marshall (figure emblématique de Matador). Et on ne va pas lui reprocher de vouloir reprendre le flambeau depuis trop longtemps éteint.
Mais rêveuse et romantique (“Dream State”), Lucy a la bonne idée de ne pas s’enfermer dans les clichés, et pioche autant dans le rock 90’s (“Strange Torpedo”), dans le folk minimaliste et poignant (“Trust”), que dans une country planante qui évoque ses terres natales de Virginie (le très beau “Map On A Wall”). Et tout ça sied comme un gant à sa voix poignante de princesse désabusée, sur le fil d’un vibrato candide et singulier. En parfaite storytelleuse, Lucy Dacus déroule ses tranches de vie avec un regard triste et la pudeur d’un autre temps, comme si cette génération hargneuse et un poil décadente n’était définitivement pas la sienne. Lucy, “too young to mess around” préfère largement s’évader au pays des songes, trouver un peu de douceur et de beauté (“I wanna live in a world where I can keep my doors wide open” souffle t-elle dans “Troublemakers”). Et on ne peut qu’avoir envie de la suivre tant l’invitation est joliment lancée.
Lucy Dacus « No Burden », Matador, Septembre 2016.
En concert à Paris, le 26 octobre à la Mécanique Ondulatoire.