C’est quand même pas tous les jours qu’un label aussi trendy que Domino (The Kills, Anna Calvi, Clinic, Franz Ferdinand entre autres…) s’intéresse à un groupe aussi radical que White Lung, combo ultra punk canadien sans concession. La faute sans doute à la caution féminine de l’affaire (trois filles et un garçon aux manettes) dont une front woman obsédée (ou possédée) par Courtney Love période Pretty On The Inside. Car même dans l’éthique punk, de jolis minois, c’est tout de même plus vendeur qu’une bande de gars mal rasés suintant la bière. On en est là. Ou presque.
Bien sûr Domino n’a pas cueilli le bourgeon aux prémices de sa carrière puisque White Lung avait déjà sorti deux albums (« It’s The Evil » en 2010 et « Sorry » en 2012, encensé un peu partout dans la presse) ainsi que plusieurs singles et 45 tours sur les labels Deranged et Hockey Dad.
Ce troisième opus, « Deep Fantasy » offre donc le son crasseux et ténébreux de White Lung à un plus large public mais n’a rien perdu de sa violence et de sa voracité. Speed et urgent, le groupe a même gagné en maturité, notamment dans la voix de riot grrl de la belle Mish Way qui rugit plus qu’elle ne chante comme à la belle époque des copines de Bikini Kill et L7. White Lung ouvre même la voix aux mélodies (« Down It Goes », « Face Down »), et ça fait clairement du bien.
Vingt deux minutes. Il n’en faut pas plus à White Lung pour délivrer dix titres punks, aussi anachroniques qu’intriguants. Relents de grunge, de hardcore made in D.C, et de punk 77, la sauce prend bien. Comme une bonne claque, violente, sanglante mais revigorante. Le pire c’est qu’on en veut encore.
White Lung, « Deep Fantasy », Domino Recording 2014