On entre dans l’univers de Rivkah sur la pointe des pieds, comme on entrerait dans la chambre douce d’une princesse depuis bien longtemps ensommeillée. Pleine de songes, de tristesse, de féerie, la musique de Rivkah s’apprivoise, se dresse. Il faut se laisser bercer par ces morceaux planants, empreints de douceur, tout en nuance, délicatement fragiles et désespérément mélancoliques (« And I »).
Quand elle est (presque) seule au piano, c’est là que Rivkah nous bouleverse, dans son plus simple appareil, sans effet de style et trop de voix superposées (« Now I Do » et « Harmonically », un peu trop Mickey Green en mode pop de chambre à mon goût). En témoigne le magnifique et poignant « Mi Amor », de loin meilleur morceau du disque, joliment orchestré, ballade d’amoureuse perdue entre deux rives, en anglais, en français, espagnol et hébreux. Le plus joyeux « Fight Off » se démarque également par ses belles inspirations orientales qui rapproche alors Rivkah d’une Yael Naïm rêveuse (« Take Care ») mais un peu moins pop. Parfois jazzy, presque lyrique (« The Beauty Of Your Face ») voire baroque, la musique de Rivkah puise son inspiration dans de multiples genres et pays (imaginaires ou pas), elle hante les vallées des songes en endossant un costume sur mesure de fée clochette des temps modernes (un peu normal, la couture est son deuxième métier, elle a crée de nombreux costumes de scène pour différents artistes de la scène pop indie française).
Emporté par une voix sur le fil qui n’a pas encore montré tout son potentiel, mais qui s’épanouit au fil des contes enchantés, l’univers de Rivkah semble être créer pour accompagner les images d’un film mutin, peuplé de fées et de créatures célestes. Hors du temps, suspendu sur un fil d’équilibriste, il faut un peu de temps pour apprivoiser cet univers singulier et intriguant mais si l’on daigne se laisser porter par la douceur de ces moments de romantisme et de fragilité, on découvre alors une véritable artiste-magicienne-artisan, à la sensibilité unique et à fleur de peau…