Vous vous souvenez peut être… Hilary Woods, cette –so cute-jeune bassiste, qui sévissait il y a dix ans déjà au sein des fougueux JJ72, jeune étalon de l’indie rock des années 2000, si vite encensé, si vite disparu dans le sillon d’un rock lyrique, enflammé et un peu gonflant. On était sans nouvelle de cette jolie petite irlandaise, qui avait (sans doute judicieusement) quitté le groupe à 22 ans pour, étudier la littérature et le cinéma, devenir mère et s’accomplir, loin des feux des projecteurs d’une petite célébrité un peu précoce (pour la blague, la miss avait été élue sexiest woman in rock en 2000 par le Melody Maker…)
Dix ans plus tard donc, Hilary nous revient très en beauté, transformée en songwriteuse éthérée errant dans les plaines diaboliques d’une dream pop atmosphérique à la fois glaciale et sensuelle. Si on est encore loin des chefs d’oeuvre de Mazzy Star dont Hilary s’inspire plus qu’ouvertement (des tonnes d’écho dans la voix, petites notes de piano fantômatique, perles de guitares…), ces dix petites ballades blessées et mélancoliques méritent tout de même qu’on s’y attardent le temps d’un rêve bucolique.
En bonne élève, visiblement amoureuse des productions 4AD, Hilary installe une ambiance douce et feutrée, sur le fil du rasoir, entre murmures et blessures, pas toujours bien maîtrisée mais contenant tout de même quelques jolies réussites (« While I Lie », « To The Sea », « Honeymoon »). Distante et mutine, Hilary voudrait sans doute toucher du doigt la grâce pic de glace des comptines divines de Stina Nordenstam, tout en gardant le côté lo-fi d’une Cat Power. Certes y a encore du boulot, pour la sophistication nordique on repassera, ici on est plus proche des premiers Cat Power, quand Hilary sort un peu de sa torpeur (le très bon « The Devil Knows »), pour mettre en avant guitare et tremblements. Au final la tenue qui lui sied le mieux.
Car au pays des chanteuses neurasthéniques, diablement dépressives et terriblement sexy, la concurrence est rude. Pas aussi touchante qu’une Lisa Germano ou Kelly De Martino, pas encore la classe d’une Hope Sandoval, ou la torpeur sexuelle d’une Jennifer Charles, Hilary la belle, navigue encore entre deux eaux, timide et immaculée. Une ravissante chrysalide au pays des fées maléfiques…