Il faut bien l’avouer, ces temps-ci, les filles de la côte ouest sortent leurs armes de destruction massive du rock’n’roll. C’est bien simple, je découvre quasiment chaque jour un nouveau groupe carrément excitant mené par une jolie fille en mini short (parce qu’en plus de balancer le son comme il se doit, les L.A girls ont du chien). Si pas mal de filles suivent la route ensoleillée des Best Coast, Dum Dum Girls et autre The Like, à savoir une pop revival sixties inspirée par les harmonies vocales des Shangri-Las ou des Supremes, le son shiny du surf à la Beach Boys, et la simplicité punk des compos génialement crétines des Ramones, d’autres Miss California osent également s’aventurer vers les terres plus marécageuses de la dream pop, du rock heavy, ou du grunge distordu. Bref pour une fois, y en a pour tous les goûts, et ça fait sacrément du bien…
Car quand on prend la peine de l’observer d’un peu plus près, loin des clichés et des mass-médias, la nouvelle scène féminine californienne révèle ses multiples facettes, riche, cultivée et souvent audacieuse. Je vous invite donc à venir la découvrir avec moi, avec une petite série de billets consacrés aux plus vibrantes L.A girls d’aujourd’hui…
Première escale au pays des filles du rock californien donc, avec le duo sexy et planant Cobalt Cranes qui ont sorti au printemps dernier leur premier album « Head In The Clouds », après avoir bricolé deux Ep à la maison. Bourré de guitare fuzz (influence shoegaze oblige) et de belles harmonies vocales exécutés avec classe par la jolie Kate Betuel, le duo baigné au son des 90’s n’en a pas oublié la mélancolie lanscinante et la transpose plutôt brillamment dans un rock atmosphérique qui n’oublie jamais d’être gentiment pop.
En effet « Head In The Clouds » sonne un peu comme la rencontre entre les Breeders et Black Rebel Motorcycle Club (donc Jesus & Mary Chain), et on se demande pourquoi Cobalt Cranes n’a pas encore signé chez 4AD ou Bella Union (en même temps ces labels là ont quelque peu perdu de leur superbe ces derniers temps…), et semble toujours être un secret trop bien gardé en Californie. Etonnant donc, au vu de la qualité de leurs morceaux éthérés, aux lignes de basse groovy et à l’esprit bien rock’n roll (« Salvation », « Head In The Clouds »). La tête dans les nuages, et les pieds dans la poussière, Cobalt Cranes déroule avec classe sa bande originale des rues de Los Angeles en mode garage teinté de psychédélisme troublant, mais en oubliant jamais les leçons de Veruca Salt, Cocteau Twins, Sonic Youth ou le Velvet Underground….
Croyez le ou non, personne (ou presque) dans la presse rock française n’a encore daigné jeter une oreille à ce groupe pourtant bien intriguant… C’est décidément désespérant…