Soirée intimiste ce vendredi soir à Campus, studio de répétition bien connu des musiciens parisiens, qui propose également une petite salle de concert plutôt chaleureuse, idéale pour les showcases, ou les concerts privés…
On passe rapidement sur le premier groupe, Pearl & John, un duo electro-pop au vieux relent 80’s pour le moins inquiétant (il ne suffit malheureusement pas de pousser la réverb’ à fond pour sonner comme This Mortal Coil…). La chanteuse un peu barrée, un peu au bord de la crise de nerf (et du ridicule) joue sur un seul patin à glace (je souffre pour sa guitare posée par terre qui s’en prend plein la tronche). Le tout est savamment chorégraphié (pourquoi pas me direz-vous) sauf que la danse du robot, depuis Kraftwerk, on a arrêté. Rajoutez à cela des boucles, des samples, des voix préenregistrées, un clavier pour jouer trois notes, et des cymbales qui font boum, on frôle l’indigestion (voire la migraine)… Bref, adieu l’expérimentation, personnellement je préfère le son chaleureux d’une guitare qui crunche et la sueur d’un rock’n’roll à visage humain.
Et c’est exactement ce que joue Teleferik, qui malgré des conditions plutôt défavorables ont su délivrer un show poignant, vibrant et bien groovy. A l’aise dans tous les genres, et bien décidé à nous faire voyager, le trio ne connaît pas de frontière. Des titres bluesy, funky, des guitares très seventies qui sollistent bien comme il faut, une jolie batteuse qui frappe là où ça fait mal, et même un tube (« Bombs and Rockets »), que n’aurait pas renié les B 52’S…
Au milieu de tout ça, de très beaux morceaux en arabe (dont l’émouvant « Teleferik »), et surtout cette voix, Eliz, puissante, écorchée vive et littéralement habitée. J’ai rarement eu l’occasion de voir, sur la scène rock parisienne, un tour de chant aussi bluffant, une émotion aussi communicative. Loin des chichis et des poseuses, Eliz s’envole très très haut au pays des chanteuses/chamans qui balancent de sacrées good vibrations. Elle nous embarque avec elle, l’air de rien, en nous prenant gentiment par la main… Un peu comme si l’esprit de Janis Joplin avait grandi en Orient et rencontré en chemin la soul fragile de Roberta Flack…
On est bien loin des modes et des étiquettes, car le rock métissé de Teleferik, teinté d’influences 70’s et de la chaleur de l’Orient, parle à coeur ouvert, au corps et à l’âme.
Maintenant, vous savez ce qu’il vous reste à faire…