Quand on jette un coup d’oeil dans le rétro de ce qui a fait l’actu indé, ces derniers mois, difficile de ne pas remarquer le retour d’une vague de girlband d’allure spectorien, à l’esprit dream pop éthéré (on est en 2010, les amis, fini la révolte riot grrl des 90’s, bienvenue la crise et la déprime…) Après le shoegaze des Dum Dum et des Vivian Girls, la dream pop rétro de Frankie Rose and The Outs, et la pop bubblegum de The Like (les plus rigolotes), on entend donc parler un peu partout de l’art rock branché de Warpaint.
Au coeur de la hype, quatre jeunes et jolies californiennes: Emily Kokal (chant/guitare), Theresa Wayman (guitare/chant), Jenny Lee Lindberg (basse/chant) et Stella Mozgawa (batterie). Album sorti chez Rough Trade, couverture du NME, chroniques élogieuses un peu partout, tournée avec The XX, et en France le festival des Inrocks, j’en passe et des meilleurs, les filles ont aussi pas mal de détracteurs (signe d’un vrai buzz qui fonctionne). Parrainées par John Frusciante des Red Hot (accessoirement ex boyfriend d’Emily, la chanteuse…), qui avait mixé leur excellent premier Ep « Exquisite Corpse » (gros buzz en 2009), les filles bénéficient donc d’une côte arty indéniable, rapidement irritante.
Mais derrière ce visage glamour et branché, Warpaint, ça donne quoi?
Je l’avoue, on est vite scotché par la maîtrise et la complexité des morceaux post punk psychédélique du quatuor. Ethéré, glacial, « Set Your Arms Down », invoque les fantômes précieux de Cocteau Twins, et on sait tout de suite qu’on a pas à faire ici à un énième groupe minimalisto punk (The XX…).Voix aériennes, fantômatiques, basse au groove plombé à la Joy Division. On est ici très proche de l’esprit Siouxsie vs Pink Floyd de Bat For Lashes, que la douce voix d’Emily et le psychédélisme latent des guitares font plus qu’évoquer. Le travail du son, précis et original tend donc vers une new wave 80’s, quand celle ci avait fière allure, derrière les apparats goth, à l’âge d’or du label 4AD (This Mortal Coil et consoeurs).
« Warpaint » second titre, qui donne des frissons, sonne comme la rencontre batcave entre Johnny Marr des Smith et Cat Power (avant sa cure). Les jolis choeurs féminins éthérés, qui évoquent leur copines de Vivian Girls, viennent relever le tout, et l’album se perd ainsi entre ballades rêveuses et fièvre psyché. Plutôt osé pour l’époque, les filles refusent tout compromis. Exit la pop facile, ici point de tube (hormis peut être « Baby » très jolie ballade acoustique que n’aurait pas renié Chan Marshall), la musique de Warpaint est planante, intellectuelle, complexe, « arty ». (on comprend alors les détracteurs) mais possède un charme sauvage et sexy assez particulier, qui la rend terriblement attachante. Malgré quelques passages moins réussis (« Majesty » et « Bees », un peu trop branchés electro pour la petite rockeuse que je suis), « The Fool » se revèle être un album envoûtant et assez captivant (à condition d’aimer l’hiver, la dream pop vaporeuse, Cure, les Smith et The Dark Side Of The Moon…!)
ici, le clip d' »Undertow »: