C’est sur les quais de Seine, à bord de la Dame De Canton, que j’embarque, en ce début d’été parisien, pour découvrir en live, le groupe Kiusa , dont les titres originaux en écoute sur Myspace, m’avaient vraiment interpellé. Ce n’est, en effet, pas tous les jours que l’on découvre, avec plaisir, un groupe qui sort un peu des sentiers battus du paysage, plutôt morose, du rock actuel, en proposant des structures inédites et des morceaux vraiment originaux.
Et c’est une sacrée découverte que ce joli quintet parisien, singulier et atypique. Kiusa , c’est donc trois filles (guitare, basse, chant) et deux garçons ( guitare et batterie) et autant de possibilités. Dès le premier morceau, on est tout de suite happé par le charisme chaleureux de Flavia, superbe front woman qui nous embarque, avec ses acolytes, dans un voyage sonore totalement inédit. Rigolote, charmante, déjantée et touchante, cette chanteuse parvient, avec beaucoup d’allure et une bonne dose d’auto-dérision, à faire le grand écart entre Nina Hagen, Pj Harvey, Kate Pierson et Emliy Haines, en proposant des lignes de voix vraiment étonnantes et originales, soutenues en beauté, et avec classe, par Marie, jolie bassiste, au grain de voix charmeur. Le trio de filles, très justement mis en avant, fonctionne donc à merveille, laissant les trois personnalités, bien distinctes, s’exprimer chacune à leur façon. Le charme discret, sexy et élégant de Maloo, à la guitare, vient tempérer la présence extravertie de la chanteuse, tandis que Marie, à la basse, techniquement au dessus du lot, se pose en grande soeur gracieuse et bienveillante. Les garçons sont un peu en rentrait, même si le soliste vient souvent se chamailler avec la guitariste, le batteur manque malheureusement de présence et d’énergie.
Musicalement, ça joue. ça joue même très bien. Kiusa retourne la pop coquine dans tous les sens et la fait diablement bien danser avec un post punk garage nerveux. Jamais là où on les attend, les morceaux sont complexes, sinueux, prenants. La folie douce et une belle énergie se propagent tout au long du set, l’apothéose étant leur morceau dit « planant », assez incroyable, tout au long duquel Flavia sussure nerveusement « Just another day… », sans jamais relâcher la pression. Puis les rôles s’inversent, et les filles font tourner leurs instruments, pour un morceau ou deux. Juste le temps de laisser Marie, bassiste, empoigner une guitare acoustique et débuter une ballade folk touchante qui finira vite en rock n’ roll enragé et fièvreux. A la fin du set, les filles (et garçons) osent même une reprise du sexy « Combat Baby » de Metric, un morceau qui leur va vraiment bien (peut être même un peu trop).
Difficile de coller une étiquette sur les morceaux entraînants de Kiusa, tant le groupe fait preuve, à chaque fois, d’une grande originalité, à mille lieux des conventions qui enferment le rock’n’roll dans des cases marketing depuis si longtemps. Voilà enfin un groupe qui se joue des codes du genre, avec élégance et humour. Ces trois filles là ont tout compris. La pop malicieuse, le post punk nerveux et violent, le rock indie cutlivé et précieux…Les Kiusa vous re-balancent tout ça, dans un bon concentré de folie et d’énergie sexy et impertinente.
Beaucoup moins originaux, mais tout aussi efficaces, les Shuunt investissent ensuite la scène, en cette fin de chaude soirée. Trois garçons, une fille, (un peu moins de possibilités), les quatre Shuunt proposent une pop nerveuse et mélodique, parfaitement dans l’air du temps (Klaxons, Ghinzu, Franz Ferdinand), aux refrains ultra accrocheurs qui se retiennent en un éclair de seconde. Même si je ne raffole pas de ce genre de pop un peu raccoleuse, force est de reconnaître que les morceaux de Shuunt sont tout de même très bien fichus et sacrement efficace. Le chanteur, qui a assez de charisme et de sex appeal pour tenir la baraque, parvient même à apporter une pointe de lyrisme romantique dans cette pop bien convenue. Un très bon batteur, également, qui, ça se sent, en a sous le capot, et de bonnes idées aux claviers, qui apportent une touche electro rock qui leur va bien. Au final, un groupe plutôt agréable à regarder, pas inoubliable, mais franchement sympathique.
Prochain concert: le 27 août au Réservoir.
Photos: Stéphane Dalle
Content de voir que Kiusa continue son chemin, j'avais eu grand plaisir à les découvrir en live dans un tremplin (Emergenza au Gibus en special guests).