C’est par un jeudi triste et pluvieux que je me rends (avec joie) au Point Ephèmere, découvrir en live « la » révélation british du moment, Scanners, qui joue, ce soir là, dans une soirée organisée par l’association PopInGays.
Le public met du temps à arriver (et à se réveiller), et les très austères Frigo (un nom qui leur va comme un gant) ouvrent le bal. Un trio français qui joue un rock glacial, distant et hautain, hérité de l’école new wave de Depeche Mode, Cure ou New Order, avec un petit côté « indie » actuel, style M83 ou Interpol. Malheureusement, Frigo, qui semble avoir pourtant bien emballé la presse rock parisienne, et roulé pas mal sa bosse sur des concerts intéressants (1ère partie d’Interpol, As Dragon, Chokebore…), m’a laissé complètement de glace. Le trio, pourtant très sûr de lui, manque un peu de charisme, d’allure et d’énergie. Malgré quelques moments un peu plus captivants (quand le bassiste s’acharne sur une caisse claire ou quand ils chantent en français, on pense alors à certains morceaux de Rodolphe Burger…), leur show se révèle désespérément mou et manque vraiment d’intensité. Seul le final du set semble avoir réveillé Frigo, qui finit par s’en donner à coeur joie, bien aidé par de très belles lights qui fusent dans tous les sens.
ci dessous, Frigo
On attend donc, de pied ferme, un groupe un peu plus sexy et chaleureux, et Scanners est là pour nous réconforter. A mille lieux du premier groupe, Scanners entre en scène, déchainant immédiatement un élan de sympathie de la part du public. Une classe inouïe et un charisme chaleureux se dégagent des quatre Londoniens à l’allure cool et sympathique. Sarah et sa bande, enchaînent alors les titres à la fois sombres et lumineux, à l’allure post punk moderne, de leur second album « Submarine ». « We Never Close Our Eyes » et ses choeurs enchanteurs, le joli et intime « Baby Blue », le poppy « Sick Love » qui fait clapper les mains (et bouger les têtes), le synthétique et dansant « Half a Mind », où Sarah se met derrière les claviers, et même le fervent « Jesus Saves », tous les titres se trouvent sublimés par l’interprétation habitée et sincère du groupe, qui se révèle être, malgré leur gentille étiquette pop, un vrai bon groupe de rock’n’roll sauvage, sensuel et généreux.
Le point culminant du set, c’est bien sûr leur hit « Salvation », pendant lequel Sarah (la chanteuse) exulte, ruminant de rage comme une Pj Harvey ou une Chrissie Hynde, aidée par les guitares enflammées d’Amina (qui pourrait bien être sa petite soeur) et du discret et classieux Matthew. Les titres du premier album ne sont pas en reste: le très beau « Lowlife » ressemble à du Joy Division au féminin (avec une petite lueur d’espoir) et le groupe devient alors vraiment touchant, beau et inspirant. Tout au long du set (un peu court tout de même), on s’abandonne avec joie dans les tréfonds de leur dark pop, triste à pleurer, mais pleine d’espoir et de rage sous jacente. En témoigne l’incroyable présence scènique de la belle Sarah, pleine d’allure et de classe, à la fois féline, frêle et rebelle. En somme, un très beau concert, sexy, sauvage mais pudique, généreux et lumineux qui met du baume au coeur bien utile en ce début de printemps morose et pluvieux…