Interview de Marine Craven (Radio Suicide, badass rock’n’roll from Los Angeles, California)

Je vous avais déjà parlé de Rockett Queens, ce tout jeune groupe d’Aix En Provence, mené tambour battant par Marine Craven, jolie brailleuse nonchalante et sexy, qui pratiquait, avec ferveur et dans les règles de l’art, un rock’n’roll heavy et gouailleur, inspiré par la scène du Sunset Strip des 80’s. Un peu anachronique (mais diablement excitant) dans le paysage plutôt sage et policé de la scène rock française, on sentait déjà le groupe à l’étroit dans les carcans des productions hexagonales plutôt mollassonnes, et à l’écoute de leur très prometteur Ep « Stand Up & Shout », je n’imaginait ce groupe qu’à un seul endroit : Los Angeles, California. The place to be s’ils voulaient rencontrer le public adéquate et continuer à jouer ce genre de rock badass à la fois racoleur et sans concession.

Un peu comme si Marine et ses amis avaient entendu mes prières, et grâce à la magie des réseaux sociaux, je découvrais un an plus tard, que la miss avait mis les voiles vers Hollywood, emportant avec elle son guitariste Paul, et son précieux projet de rock’n’roll: Rockett Queens. D’Aix à L.A, il n’y avait donc qu’un pas. Impressionnée par l’audace de la belle, qui il faut bien le dire, a eu assez de cran et de courage pour quitter famille, amis, et tout ce qui va avec, pour tenter l’aventure américaine au nom du rock’n’roll, je n’ai donc cessé de suivre avec amusement, et un peu de fascination, la suite de leurs péripéties à Hollywood. Rockett Queens est devenu Radio Suicide, et la petite française ne semble pas passer inaperçue sur les scènes du Sunset Strip…

A l’heure où le groupe sort un nouveau clip made in USA:« I Want You To Touch Me », il était temps que j’aille un peu discuter avec la jolie Marine, entre rockeuses qui se respectent, histoire d’en savoir un peu plus sur l’aventure hollywoodienne de Radio Suicide… En direct de L.A donc, Marine (qui se lève quand je m’endort) a eu la gentillesse de m’accorder un long entretien à coeur ouvert. Et cette fille là est bien à l’image de sa musique: généreuse, sans compromis et terriblement attachante.

Salut Marine! Bon alors, comment ça va à L.A?

Marine: Hé bien, écoute, tout va très très bien.

Ca fait plus d’un an que tu es là bas. N’est-ce pas?

Ca va faire deux ans en septembre. Le temps passe super vite, on ne s’en rend pas compte. Tu as pu suivre un petit peu sur Facebook. Mais il s’en est passé des choses en deux ans…

Raconte moi un peu, qu’est-ce qui t’as poussé à partir? C’est un projet que tu avais en tête depuis longtemps?



Hé bien comme tu le sais très bien, on avait le groupe depuis trois ans en France et rien de vraiment bien n’est arrivé. Paul (guitare) et moi, on a toujours su que le groupe ne serait pas qu’un simple passe temps, mais vraiment notre métier. Après avoir rencontré plusieurs « producteurs », labels, peu importe, on a vite compris qu’on ne pourrait pas faire de rock’n’roll en France. Paul et moi on a toujours adoré la Californie. On est venu en vacances plusieurs fois car on a des amis ici. Ce qui a vraiment déclenché la chose, c’est quand on a joué avec le groupe CIVET, il y a maintenant presque quatre ans de ça.

Vous avez sympathisé?

Exactement, je suis devenu amie avec Liza et Suzi (les deux soeurs guitar/vocals). Quand on a joué ensemble, je leur ai dit que j’aimerais venir à Los Angeles … Elles m’ont dit: « Mais nous on peut t’aider! » (car elles avaient adoré le groupe ). On est resté en contact et sept mois plus tard elles m’ont proposé de partir en tournée avec elles pour voir comment ça se passait sur la route. En tournée, Suzi et moi on a commencé à faire des plans en se disant on devrait prendre un appart’ ensemble et tout ça. Paul et moi avions déjà commencé à faire les démarches pour venir aux USA. Et en Septembre on a débarqué.



Tu n’es partie qu’avec ton guitariste?

Les deux autres membres du groupe n’était pas aussi motivés et investis. Ils n’étaient pas prêt à tout lâcher pour le rock’n’roll.

Du coup vous avez recruté un batteur et un bassiste à L.A.?

Exactement, on est arrivé en septembre, le temps de s’installer, deux semaines plus tard on commençait les auditions. On a mis une annonce sur Craigslist, qui est une sorte de Bon Coin aux USA. Mais tout le monde l’utilise. C’est marrant car tout le monde se moque de nous. C’est un peu le genre de site où l’on peut facilement tomber sur des tarés, mais on a trouvé Nicky!


En tout cas, vous n’avez pas perdu de temps!

Dans notre optique quand on est parti, on se donnait un an pour voir comment les choses se passaient. Donc on avait pas de temps à perdre.

Vous avez trouvé des dates facilement? J’ai vu que vous aviez fait la première partie de Steel Panther!!


Après un mois de répèt’ avec le bassiste (également recruté sur Craigslist ) on a commencé les concerts…C’est facile de trouver des dates ici, il y a tellement de salles… Enfin facile… Tout est relatif! Je me bouge énormément. Mais ce n’est pas du travail, pour moi c’est un plaisir. Tu sais c’est marrant car je reçois énormément d’emails de gens qui me disent « oh tu as trop de chance! »… Mais la chance n’a vraiment rien à voir là dedans. J’ai tatoué sur mon avant bras  » No way but the hard way  » et c’est bien vrai. Si tu veux arriver à quelque chose, faut te bouger les fesses. Il y a trop de fainéants qui pensent que tout arrive par magie.


Disons, tu as de la chance parce que ça a l’air de bien se passer mais tu as aussi beaucoup de courage d’être partie et de tout recommencer là bas. Personnellement je suis admirative.

J’ai tout quitté, famille, ami, sécurité financière… Et Hollywood c’est la jungle!

(Comme par hasard, à cet instant, Axel Rose hurle « Welcome To The Jungle » dans mes oreilles…)

Ah ah…La chanson parfaite!

Mais concrètement tu bosses à côté? Tu fais des études?

Oui je bosse à coté. On a nos papiers maintenant, je suis manageuse dans un bar le soir. Enfin l’aventure est que nous avions ce bassiste, Greg. C’était un mec super, mais accro aux drogues. Totalement instable. Au bout de quelques mois
, il s’est pointé en répèt’ totalement ivre, il ne tenait même pas debout. Il est tombé sur la batterie. Donc on a dit ok. C’est pas possible. On avait un concert au Viper Room deux jours plus tard où on devait rencontrer Tom Zutaut (A&R qui a découvert Guns… Motley… ). Donc j’ai fait appel à mon ami Fabrice Ferer qui était bassiste dans le groupe Fisher Collectif Corriace à l’époque avec Eths et tout le tralala. Ce ne devait être que temporaire mais depuis il est avec nous. 
Trois français et un américain dans le groupe. Nicky se sent souvent seul (rires).

Et vous avez finalement rencontré Tom Zutaut?

Oui, il est venu nous voir jouer. A l’époque on n’avait que des anciennes chansons, tu imagines bien qu’en cinq mois, on n’avait pas eu le temps de faire un nouveau set… Il nous a pris à part a la fin du concert et nous a dit : « les gars vous êtes un super groupe, super énergie, et vous pouvez être un excellent groupe du Sunset Strip. Mais il y a une différence entre les groupes qui jouent sur le Sunset Strip et ceux qui remplissent des stades et c’est des hooks« . (des refrains catchy). On a dit ok … Pas faux. Depuis on a un tout nouveau set et je peux te dire qu’on a bossé les refrains comme des malades !


Vous devez croiser plein de groupes à LA. La scène est toujours en effervescence comme dans les années 80?


Honnêtement j’étais déçue en arrivant sur le Sunset Strip. J’ai lu les bio de Slash, Motley Crüe, tous ces groupes des années 80, et je m’en étais fait une autre idée. En fait c’est un peu mort… Mais il y a toujours de super groupes qui passent. J’ai eu l’occasion de voir tellement de concerts depuis que je suis ici que je n’aurai jamais pu voir en France dans de petites salles.

Mais il y a quand même beaucoup plus de (bons) groupes qu’en France sur la scène locale?

Disons que le niveau est extrêmement élevé. Et puis ici sur le Sunset Strip il y a ce qu’ils appellent le  » pay to play« . Ici c’est business, c’est pas juste pour le fun. 
C’est ça qui me motive énormément aussi. Mais c’est un peu de l’exploitation de groupe si tu veux mon avis… Tu sais quand j’ai bougé ici tout le monde me disait : »mais qu’est ce que tu vas faire à L.A, avec tous les groupes qu’il y a déjà là bas? ». Mais justement ça te pousse à être meilleur. Et surtout à trouver ta propre identité. J’adore les challenges. Et crois-le ou non, mais des groupes de rock’n’roll avec une chanteuse, il n’y en a pas tant que ça ! (je parle de vrai rock’n’ roll, on est d’accord).

Tu es une vraie battante!

C’est ce que j’ai en moi, je ne me vois pas faire autre chose de ma vie. Alors je me donne les moyens. Personne n’a dit que ça allait être facile . Après c’est sûr c’est un rêve… Quand tu joues sur la scène du House Of Blues, tu te dis, fuck, c’est cool quand même, sachant que j’ai commencé dans une salle miteuse à Luynes Les Bains!… Mais tant que je ne remplirai pas les Houses Of Blues du pays en headliner, je ne serais pas contente…. Le public est très différent aussi.

Ils sont plus réactifs?

La première chose c’est qu’ici les gens sortent voir des concerts. C’est dans leur culture. Donc il y a toujours plus ou moins de monde quand tu joues. Ils ne bougent pas des masses (d’ailleurs tous les groupes ricains le disent que quand ils vont en Europe c’est la folie!). Mais les gens viennent toujours te voir à la fin du concert, pour te parler. Ca peut être positif, ça peut aussi être négatif. Mais c’est TOUJOURS très constructif. Les trois quarts des gens sont tous dans la musique en même temps… Et c’est tellement bon d’entendre autre chose que: « ah ouais c’est genre AC/DC quoi ! »… Non vraiment c’est une aventure formidable, j’ai fait des choses et rencontré des gens que j’admirent. La petite ado qui sommeille en moi n’aurait jamais pensé faire tout ça.

Il est arrivé qu’on vienne te voir à la fin des concerts pour te dire des choses négatives?

Jamais rien de très négatif. Mais tu te rends compte que les gens prêtent attention car ils vont te dire: « tu sais le milieu du set, la chanson cinq, je trouve que c’était un peu mou, vous devriez revoir votre set list. », ou ce genre de chose… Bon, après c’est facile je suis française, ils craquent tous pour moi! (rires). On a ce pouvoir totalement incompréhensible. Je ne comprends toujours pas mais ils adooooorent les françaises!

Surtout si tu as peu de concurrence!

C’est vrai. Il n’y a pas énormément de front woman… Je joue souvent avec des mecs, mais ils sont tous très impressionnés à chaque fois. Je pense qu’ils apprécient de voir une fille qui fait du rock’n’roll. On me dit souvent « ça faisait très longtemps que j’avais pas vu une chanteuse qui envoie comme ça! » ou « Je déteste les groupes de rock avec une nana car c’est souvent nul mais fuck, vous vous envoyez! ». Mais je suis une perfectionniste donc ça ne sera jamais assez bien pour moi. J’ai toujours énormément de boulot. C’est toujours étrange quand ça m’arrive, je me dis « oh ils disent ça pour être sympa.. ».


Personnellement j’adore ta voix railleuse, un peu badass. C’est finalement assez rare de trouver ça chez une fille.

Ah! Merci! En fait les gens sont toujours surpris et disent que ça ne colle pas avec mon physique (rires) Surtout que je ne mesure même pas 1m50 et que je pèse à peine 40kg…!

Je comprend. On me faisait souvent la même réflexion avec mon groupe. Du genre: « Ah mais en fait tu envoies! On dirait pas comme ça, vu ton gabarit… »

Voilà. Exactement. Ils ne comprennent pas que c’est dans les tripes pardi!

La puissance de la voix, ça n’a rien à voir avec les kilos! ça m’énervait terriblement….

Les gens sont formatés tu sais… On doit de suite avoir l’air d’une lesbienne, cheveux court, qui pèse 90kg… Si t’es une petite nana un peu apprêtée, ils ne comprennent pas (rires). Et bien non, désolée de vous décevoir mais je trouve que les Pussycat Dolls c’est pourri. Perso, j’ai préféré attraper une guitare et crier… (soupirs) 
Ah! une autre chose très différente ici, c’est les promoteurs et bookers de concert. Tu sais, en France c’est quand même à la bonne franquette la plupart du temps. Et puis tu as à manger et à boire. Ici c’est business et argent. Je n’en avais aucune idée avant d’arriver ici… Maintenant je sais…Tu as rarement à boire. Et c’est à la minute près. Les groupes ne partagent pas leur matos non plus, et à chaque concert ils comptent le nombre de gens que tu ramènes. 
Il y a une sorte de base de donnée que tous les bookers peuvent consulter pour voir combien de gens tu ramènes à tes concerts. Si tu ne ramènes pas assez, on ne te booke pas!

C’est assez violent quand même.

Quand je te disais que c’est la jungle! Il faut se battre. S’il reste un morceau de pain, c’est moi qui le mange, je te le dis! Enfin le pire c’est le Whisky A Gogo. On n’a jamais joué là bas car vraiment, ils te la mettent bien profond… Tu excuseras mon langage, mais il n’y a pas d’autre moyen de le décrire. De toute façon, les trois quarts des promoteurs sont des gros motherf***ker. Ils ne pensent qu’à la thune. Pareil, il y a des lois comme quoi tu ne peux pas booker un autre show deux semaines avant celui que tu as déjà. C’est la guerre entre eux! Et toi tu te retrouves au milieu:  » heu… je veux juste jouer avec mon groupe moi!  »

Vous n’avez pas trouvé de booker, manager à L.A.?

Alors il faut savoir que c’est Hollywood, donc tout le monde se dit manager/booker. Mais les trois quart c’est du flan. Donc pas mal de gens nous ont approché pour être notre manager. Mais je suis une control freak Et je n’ai encore jamais rencontré quelqu’un en qui je pense pouvoir faire totalement confiance. Ceci dit on a rencontré un producteur la semaine dernière et je le sens bien. On verra… 
J’ai aimé notre premier contact car la première chose qu’il a dit c’était «  I fuck the system ».

Pourquoi avez-vous changé de nom?

Parce que tout le monde pensait qu’on était un groupe de reprise des Gun’s n Roses, donc au bout d’un moment on en a eu marre. Ca a été une décision difficile à prendre. J’étais attachée à Rockett Queens… Et on n’y pense pas, mais qu’est-ce que c’est dûr de trouver un nom de groupe! (rires) Mais d’un autre côté le nouveau nom (qui ne sonne pas du tout en français d’ailleurs!), correspond plus au message que je veux transmettre.

Comment ça se passe au niveau songwriting? Qui écrit les morceaux?


Paul, Fabrice ou moi, on arrive en repèt avec un nouveau riff. Et on bosse tous dessus. Une fois qu’on a la musique, Fabrice m’enregistre une démo vite fait comme ça je peux bosser tranquillement les paroles.

Tu joues de la gratte?

Oui. Guitare et piano. Je ne suis vraiment pas une bonne guitariste mais c’est pratique pour écrire des chansons.

Ca pourrait être sympa un piano sur certains titres!


Oui on y pense. J’en ai besoin, c’est pour ça que j’ai fait un projet solo il y a quelques mois de cela. J’adore le piano. Et il y a des libertés que je ne peux pas prendre dans le groupe, alors j’écris des chansons à part.

Tu as un projet solo? Je ne savais pas…

Oh, pas vraiment, j’ai simplement sorti un morceau et un clip. C’est un projet que j’ai depuis longtemps. J’aime bien écrire des choses étranges au piano avec des paroles qui parlent du diable! Tu verras c’est très différent:

(Je regarde attentivement ce drôle de clip, un peu gauche, un peu morbide, qui laisse découvrir une Marine plutôt inattendue)
En effet c’est très différent de Radio Suicide. On ne reconnait presque pas ta voix.

Oui je sais. C’était tellement horrible d’enregistrer. Je ne savais pas comment chanter. Je murmurais presque pour enregistrer c’était TRES TRES inconfortable. Donc voilà, pour répondre à ta question, des fois j’écris des chansons au piano et je fais des clips super bizarres. J’ai eu la chance de pouvoir tourner dans un hôpital psychiatrique désaffecté. C’était GENIAL !! Mais au final ce qui m’éclate vraiment c’est le rock’n’roll. Tu sais, des fois tu as simplement besoin d’extérioriser. Il faut savoir prendre les émotions comme elles viennent je pense…

C’est étonnant que tu me dises que tu ne savais pas comment chanter lors de l’enregistrement. Je veux dire, tu sais chanter! Ce que tu fais dans Radio Suicide, vocalement, ce n’est pas simple du tout.




Le problème c’est que je n’ai pas de technique. Fais moi chanter autre chose que du rock’n’roll je suis NULLE NULLE NULLE! Mais c’est ça que j’aime dans le rock: on s’en fout finalement. Même si ce n’est pas juste tout le temps.

Pourtant à mon sens, faire sortir le « crunch » de ta voix, brailler, avoir un niveau sonore capable de couvrir les grattes, c’est infiniment plus complexe. Les gens ne s’en rendent pas compte mais c’est un savant mélange d’instinct et de savoir faire!

Merci, moi je me vois toujours comme une brailleuse mais pas comme une chanteuse (rires) J’ai appris sur le tas avec Rockett Queens. Maintenant je pense chanter juste la plupart du temps mais bon, ce n’est pas toujours évident… En France un mec de Rolling Stone magazine m’a dit que je ne savais pas chanter.

C’est pas vrai!

Si si true story! Bon en même temps il a comparé le groupe aux Sex Pistols alors… Mais c’est pas ça qui va m’arrêter de toute façon! Tu le sais aussi bien que moi. Quand tu décides de t’exposer, tu t’attends à t’en prendre un peu plein la figure. Il faut juste être préparé.  » Elle est habillée comme une pute et elle sait pas chanter et pour qui elle se prend et blablabla… ». Ca m’amuse.

Il vaut mieux en rire de toute façon. Je me souviens, une fois, une nana, jury dans un tremplin, m’a dit que je chantais trop fort.






Ah Ah! Enorme. Oui c’est généralement une mauvaise chose d’avoir trop de voix! (rires) J’adore les tremplins car tu as toujours des juges sorti de nul part qui se permettent de te dire des trucs alors qu’ils seraient incapable de faire un quart de ton show.


Complètement. Elle m’a dit que j’en faisais trop (en gros je criais un peu trop à son goût). Je lui ai alors demandé quelles étaient ses références vocales et si elle connaissait les miennes (j’ai cité Courtney Love ou Katie Jane Garside, des chanteuses plutôt du genre extrême, qui ne cherchent pas à « bien chanter », et qui poussent leur voix dans leur retranchement). Visiblement ce n’était pas trop son truc…

C’est quand tu as à faire à ce genre de personne que tu te dis putain génial quoi …

Remarque tu relativises après… En même temps, voilà on est en France (enfin moi…) On a pas les même références…

C’est clair! Je pense qu’on est devenu plus agressif depuis qu’on est ici. Ca m’est arrivé de dire entre deux chansons: »si vous n’aimez pas, barrez-vous! » Faut se faire respecter!

Surtout quand est une fille. Ce n’est pas simple…

Tu sais exactement de quoi je parle! Par exemple sur le dernier clip, j’ai eu un commentaire d’un mec qui me dit « ah t’as perdu des boobs ? » Je l’ai remis à sa place direct parce que c’est exactement ce contre quoi je me bats et le mec me dit : »si franchement tu t’attardes sur tous les petits cons comme moi qui font des remarques sur ta poitrine, t’as pas fini ». J’ai dit « tu sais quoi, je prendrai le temps de remettre chaque petit con à sa place, oui, car on n’est pas censé être traité comme ça! » On a le droit d’être sexy sans avoir envie que l’on ne remarque que ça. Quelle société de merde!

On parlait de modèles tout à l’heure. Quelles sont les artistes qui t’ont donné envie de monter sur scène?

Celle qui m’a donné envie de faire de la musique, c’est Aretha Franklin. J’avais treize ans je crois, je faisais partie d’une sorte de chorale de village (oui je sais trop rock’ n’roll… ) et j’ai chanté « Think ». Ca a été la révélation pour moi. Elle est trop badass, elle a une voix de malade. Je suis admirative. J’ai eu la chance de la voir en live l’année dernière à L.A. Un rêve qui se réalise! Sinon quand j’ai commencé Rockett Queens, je ne connaissais même pas Joan Jett. Bon je connaissais « I love Rock’n’Roll »… Et à force qu’on me disent « oh tu sonnes comme Joan Jett », j’ai écouté et bien sûr je suis tombée amoureuse de Joan Jett, non seulement à cause de sa musique mais aussi pour son parcours. Elle s’est battue pour que les femmes aient leur place dans le rock’n’roll. On ne serait pas là sans elle Clara! Je pense la voir en concert cet été, elle passe près de chez moi. Ce sera un deuxième rêve qui se réalise. Bon sinon j’ai aussi eu ma période punk: Hole, Distillers…

Tu as vu des groupes dernièrement que tu pourrais me conseiller?

Buckcherry, définitivement. Queens of The Stone Age. Steel Panther, mais c’est très souvent. C’est drôle car quand je leur dit bonjour c’est toujours avant le concert, donc ils sont en mode survèt’, pas préparé!

Tu les croises souvent?

Ils jouent tous les lundis donc plutôt, oui…




Vous enregistrez bientôt de nouveaux titres? Peut être un album?

Alors oui on va rentrer en studio cet été pour un quatre ou cinq titres. Je ne pense pas qu’on soit prêt pour un album. Je suis sûre qu’on peut écrire de meilleures chansons que ça. Donc pas de précipitations. On a toujours beaucoup de concerts en vue. Et puis on va partir en tournée cet automne, sur la côte ouest. Voilà pour les news, plus ou moins… Et jouer toujours plus fort, faire toujours plus de rock’n’roll pour montrer que non le rock n’est pas mort, et que quoi qu’il arrive on fait ce qu’on veut, et on ne s’arrêtera pas! Tu sais mon message devient de plus en plus clair depuis que j’ai déménagé ici. On m’a souvent demandé « quel est ton message »… Je me suis dit « un message? J’en sais rien moi, je dois avoir un message ? »

C’est étrange comme question… Parfois certains groupes sont juste là pour envoyer le rock’n’roll. Et c’est très bien comme ça! Je ne suis pas sûre qu’AC/DC soit porteur d’un « message » particulier. ça dépend des groupes.

Exactement. Mais j’ai écrit beaucoup de chansons et je me suis rendue compte qu’effectivement j’avais peut être aussi un message. Car je suis fatiguée d’entendre que les jeunes doivent être comme ci ou comme ça pour être  » bien vu  » dans la société, ou pour être respecté. Et je pense que c’est le message du rock’n’roll finalement… On est libre de faire ce qu’on veut et il ne faut jamais se laisser décourager par ceux qui n’ont pas de rêves. Finalement je pense que tous les groupes de rock’n’roll ont le même message: FREEDOM. Et puis quand tu penses à ce que tu renvois comme image quand tu es sur scène, à ce que les gens voient. Sans le vouloir finalement, tu leur transmets un message.

De toute façon quand on est une fille et qu’on fait du rock’n’roll, c’est un message en soi. Pour moi c’est un acte militant.



Exactement. Tu as parfaitement résumé la chose. J’ai pas mal d’adolescentes qui m’écrivent et me disent « oh j’aimerais trop être comme toi! J’aimerais être chanteuse mais mes parents me disent que je n’ai pas d’avenir… ». Bref, on est la preuve vivante qu’on peut le faire.

Après ce n’est pas tous les jours facile mais on fait ce qu’on a à faire. Et personne n’a rien à dire.

« It’s a long way to the top if you wanna rock’n’roll« ! Mais on savait dans quoi on s’embarquait! (rires)































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